Transferts des MRE : 20 milliards de DH sous le manteau

26 février 2008 - 02h45 - Economie - Ecrit par : L.A

Ils sont plus de 3 millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE) dont plus de 2/3 d’adultes actifs. Depuis quelques années maintenant, ils ont tendance à envoyer de plus en plus d’argent au Maroc. A fin décembre 2007, leurs transferts ont atteint la rondelette somme de 57 milliards de DH, soit près de 10% du PIB. Une contribution autrement plus importante, de l’avis même des experts du Centre marocain de conjoncture (CMC).

Dans sa Lettre mensuelle qui vient de paraître, le CMC indique que ces chiffres ne traduisent pas la totalité des montants rapatriés. « La valeur des transferts est probablement plus élevée dans la mesure où une grande partie des flux ne transite pas par les canaux officiels ». Une étude de l’Observatoire des MRE de la Fondation Hassan II estime à près de 20 milliards de DH le montant des transferts effectués lors de séjours au Maroc. De manière générale, la problématique liée aux transferts d’argent des populations émigrées est au cœur des stratégies politiques des pays d’origine. Il y a de quoi, disent les observateurs. « Les travailleurs migrants ont envoyé vers les pays en développement, dont ils sont originaires, plus de 300 milliards de dollars à fin 2006 », soit près de 2.300 milliards de DH dont 5 milliards de dollars (plus de 38 milliards de DH) au Maroc, selon la Banque interaméricaine de développement.

Néanmoins, les experts du CMC ont réussi à mettre le doigt sur le côté pervers de cette manne. « Ces transferts peuvent avoir des effets négatifs sur la compétitivité ». Car, bien plus que les avantages qu’offrent ces transferts, notamment le financement du déficit de la balance commerciale ou encore l’apport en devises, « ils peuvent accroître les prix sans augmenter la productivité d’un pays, si celui-ci n’a pas les capacités suffisantes en termes d’infrastructures et de marchés pour absorber le capital entrant », relève l’enquête. Etant entendu que, pour ces auteurs, l’impact des transferts sur le développement économique dépend de l’utilisation des capitaux, particulièrement de la part destinée à accroître les capacités de production d’un pays (investissement productif).

Ce qui ne semble pas être le cas. Si l’on en croit le CMC, qui base sa démonstration sur une étude de l’Observatoire de fondation des MRE, « plus des 2/3 des transferts des MRE servent à satisfaire la consommation courante des ménages ». Le seul côté positif de ce choix tient à l’amélioration du niveau de consommation des populations bénéficiaires. De la manne des transferts, l’épargne engrange 20,9% et permet ainsi d’augmenter la liquidité bancaire dont la conséquence positive est la baisse des taux d’intérêt. Ce qui se traduit, comme le soulignent les enquêteurs, par une incitation à l’emprunt et à l’investissement.

Un bémol cependant : « Plus des 3/4 de l’épargne issue des transferts ne sont pas rémunérés ». De plus, les régions réceptrices ne sont pas forcément celles où l’on investit, du fait de l’absence souvent de plateforme infrastructurelle de base. De toute façon, la part dédiée à l’investissement demeure minime, avec seulement 7,7% des transferts dont un bon paquet dévolu à l’immobilier.

Source : L’Economiste - Bachir Thiam

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Transferts des MRE - Enquête - Centre marocain de conjoncture (CMC) - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : un afflux de touristes et de MRE sans précédent

Quelque 1,3 million de touristes ont visité le Maroc en avril 2024, ce qui représente une hausse record de 17 % par rapport à la même période de 2023.

Le Maroc envoie ses imams en France

La Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger mobilise 272 prédicateurs dans 13 pays étrangers, dans le cadre du Ramadan 2025. Objectif, aider ces Marocains de la diaspora à préparer et vivre le mois sacré dans de bonnes conditions.

Maroc : investissements publics records en 2024

L’investissement public au Maroc devrait s’élever à 335 milliards de dirhams (MMDH) l’année prochaine, d’après la note de présentation du Projet de loi de finances (PLF) 2024. Un effort qui contribuera à améliorer les conditions de vie des populations.

Orange Maroc : A fond dans la 5G et la fibre

Le groupe Orange ambitionne de renforcer ses investissements au Maroc où il emploie déjà quelque 3 500 personnes. Le géant français des télécoms place le royaume au cœur de sa stratégie d’expansion en Afrique et au Moyen-Orient.

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

La directive européenne sur les banques étrangères exerçant dans l’Union européenne (UE) inquiète les autorités et les banques marocaines qui craignent une baisse drastique des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) du fait de cette...

MRE : est-il interdit d’introduire des médicaments au Maroc ?

La question de l’importation de médicaments personnels se pose fréquemment pour les voyageurs se rendant au Maroc. L’Administration des Douanes marocaine a prévu un dispositif de franchise de droits de douane pour les médicaments à usage personnel....

Nord du Maroc : les gangs de retour sur les routes ?

Sur la toile, des activistes appellent les Marocains à faire preuve de vigilance lorsqu’ils circulent sur certaines routes du nord du Maroc.

Immobilier au Maroc : attention à la TVA

Une nouvelle circulaire a été adressée aux conservateurs de la propriété foncière au sujet du paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) relative aux biens d’investissement.

Le Maroc séduit les investisseurs étrangers

Le Maroc attire plus que jamais les investissements étrangers. En témoigne le dernier rapport publié par l’Office des Changes.

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.