Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».
A son retour de vacances au Maroc, Mohamed I., 68 ans, s’est retrouvé face à un mur... Un mur de parpaings cimenté pour boucher les fenêtres de sa maison et en interdire l’accès.
« Toutes mes affaires, tous mes meubles sont restés à l’intérieur, mon livret de famille, mon livret d’épargne et même une somme de 3 500 F », explique le vieil homme qui a vécu près de trente ans dans cette courée de la rue des Postes.
Une erreur ? Pas du tout. La situation dans laquelle se trouve Mohamed I. remonte à plusieurs années mais cette fois, on a atteint le point de rupture avec le propriétaire (la CUDL) et le voisinage qui trouve ce voisin particulièrement invivable. « Nous avons obtenu un jugement d’expulsion qui remonte au 6 septembre 2001, explique Me Maurice-Alain Caffier, avocat de la CUDL. Le 2 juillet 2002, le préfet nous a autorisés à procéder à l’expulsion au besoin avec le recours de la force publique. » Mohamed I. ne conteste pas l’incontestable. Quand son loyer (un droit d’occupation précaire) était passé à 2000 F, il avait continué de payer les 200 F dus auparavant.
Mais le 16 août, alors qu’il séjournait au Maroc, un huissier et un officier de policier judiciaire étaient chez lui. L’huissier dressait un constat sans équivoque, indiquant que tous les meubles étaient cassés, comme le téléviseur vieux de 20 ans, le réfrigérateur vide, le gaz fermé, l’électricité aussi...
Bref, un « capharnaüm dont l’ensemble ne représente pas une valeur suffisante pour en financer l’enlèvement ». L’huissier indiquait en outre que contrairement à ce qu’il affirme aujourd’hui, Mohamed I. n’avait laissé aucun papier personnel ni argent.
Reste que la méthode a été assez expéditive et trouve sans doute ses origines dans l’exaspération qu’a provoqué le comportement de Mohamed I. dans le quartier. Les voisins parlent de six années de calvaire, de surveillance. Menacés, épiés, ils étaient l’objet de gestes obscènes quand ils n’étaient pas suivis. Parallèlement, des ouvriers envoyés faire des travaux chez Mohamed I. se souviennent encore des injures...
L’APU de Wazemmes s’est penché sur ce dossier délicat et plaide pour une solution négociée qui aboutirait au relogement de Mohamed I. « On est un peu déçus, concède M. Chouiref. Voilà un homme qu’on a mis à la rue et qui, quoi qu’il arrive, sera pris en charge par l’Etat. Une solution plus chère que de laisser les services sociaux lui trouver un toit ».
Quant à ses meubles, Mohamed I. avait décidé hier soir de régler le problème lui même à coups de marteau et de burin en défonçant les parpaings. Il a été arrêté en pleine action par les forces de police.
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