Arrivée en vacances au Maroc avec sa mère Aicha, une Marocaine de 56 ans, en juin 2024 pour rendre visite à sa famille et célébrer l’obtention de ses bonnes notes en première année d’économie à l’Université d’Exeter, Lily King, est morte après une intoxication alimentaire à l’hôpital. Le dernier jour de leurs vacances, le 19 juin 2024, sa mère et elle étaient allées dîner au restaurant Maya et Lounge, à Rabat, où elles avaient déjà mangé auparavant. Si les choses se sont bien passées lors de leur précédent passage dans ce restaurant, ce ne fut pas le cas le 19 juin 2024. S’exprimant en arabe, la mère de Lily avait été « explicite » avec le personnel du restaurant au sujet des allergies de sa fille, qui comprenaient des produits laitiers, du poisson, des crustacés, du sésame et des noix, et sur « ce qu’elle pouvait et ne pouvait pas manger », déclarait à MailOnline Michael, 73 ans, le mari de la MRE.
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« Je lui ai expliqué [au serveur] en arabe trois fois : ’Faites attention, elle est très, très allergique’ », racontait Aïcha. « Ouais, ne t’inquiète pas, on est prudents », lui avait répondu le serveur. Elle avait commandé un repas simple composé de poulet grillé et de frites non mélangées à de l’huile pour sa fille, mais le serveur lui aurait apporté un repas composé de poulet, de légumes avec des frites et une sauce à côté. La mère de la jeune femme disait avoir remarqué dans l’obscurité du restaurant que les légumes ressemblaient à des crevettes, et avait alors immédiatement demandé au serveur de retirer le repas. Mais il l’avait assurée qu’il s’agissait en fait de carottes cuites uniquement dans de l’huile d’olive, et qu’il n’y avait rien de dangereux dans l’assiette de Lily. Alors qu’elle poursuivait la conversation avec le serveur en arabe, sa fille avait pris une bouchée des carottes. Et, en quelques minutes, elle avait commencé à avoir une réaction grave. « Lily a dit : ’ça démange, je lui ai donné un Piriton et elle est allée aux toilettes.
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Après son retour, elle avait dit : Je ne peux pas respirer’. J’ai commencé à appeler l’ambulance et nous sommes sorties pour qu’elle puisse essayer de respirer », avait raconté Aïcha. « Elle a eu des démangeaisons à la gorge, qui se sont transformées en nausées, en crampes d’estomac et en problèmes respiratoires », avait précisé le père de Lily. La mère de la jeune femme complètera : « Nous avons utilisé l’Epi Pen. Mais j’ai laissé mon sac à l’intérieur du restaurant, il contenait mon passeport et tout le reste, je ne peux pas le laisser, et je suis allé le récupérer. J’ai dit au restaurant : ’Ma fille est en train de mourir dehors’. Il m’a dit de payer l’addition avant de partir. » Le personnel du restaurant a dit à Mme King qu’elle « ne pouvait pas partir sans payer la facture », avait ajouté le mari d’Aïcha.
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Dans la foulée, la MRE dit avoir appelé à l’aide, mais personne n’a volé à son secours. « Je crie, il y a des gardes de sécurité devant la porte, mais personne ne m’aide, rien », avait-elle dit en larmes. Elle avait désespérément essayé d’appeler une ambulance. Alors que les minutes vitales s’écoulaient, elle avait été obligée de prendre sa voiture et d’emmener Lily à l’hôpital. À en croire Aïcha, il avait fallu 30 minutes à Lily pour arriver à l’hôpital, alors qu’à ce moment-là, elle avait déjà eu une crise cardiaque. Informés, M. King et sa fille aînée issue de son premier mariage se rendent précipitamment au Maroc. Sa femme et lui se sont vus contraints de prendre la décision déchirante de laisser partir Lily. « Ils l’ont gardée en vie pendant trois jours et lui ont fait subir un autre test, mais aucune fonction cérébrale n’a été détectée, et nous avons dû la laisser partir. » Mon unique enfant, « est morte sur mon épaule. Elle m’a dit : Je t’aime, au revoir » et puis elle est décédée », avait confié Aïcha en larmes.
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Un an après, la MRE vit mal cette douloureuse séparation : « Ni le serveur ni les médecins ne parlaient anglais. Sans l’arabe, il aurait été impossible de me faire comprendre. C’est ma langue maternelle et pourtant, je n’ai pas pu obtenir les soins dont Lily avait besoin… Ma fille était ma meilleure amie, tout pour moi… Sans elle, notre vie n’est rien. » Elle ajoute : « J’étais tellement prudente avec tout ce que Lily mangeait. Je cuisinais tout chez ma mère et je l’apportais à l’hôtel pour qu’on puisse manger ensemble. On ne mangeait jamais à l’hôtel. La seule chose que je commandais, c’était du thé. » Son mari Michael peine lui aussi à se remettre de cette mort prématurée : « Nous souhaitons mettre en garde toute personne voyageant dans des pays où les lois sont différentes de celles du Royaume-Uni : ne faites confiance à personne. […] Nous avons passé 18 belles années avec Lily. Jamais, même dans nos rêves les plus fous, nous n’aurions imaginé la perdre ainsi. »