Les « villes nouvelles » pour oublier les cités-dortoirs

27 juin 2008 - 22h36 - Maroc - Ecrit par : L.A

Tamesna, Tamansourt, Bab Zaër, les noms de trois « villes nouvelles » qui vont apparaître sur la carte du Maroc. Derrière ce concept, l’idée est de créer des centres urbains autonomes ou des villes-satellites aménagées à la périphérie de grands centres urbains (Marrakech et Rabat) afin d’alléger la pression sur ces villes.

La création des « villes nouvelles » obéit à un double impératif : faire face aux besoins croissants des populations en matière d’habitat et contribuer à l’éradication des bidonvilles. Selon les responsables qui ont tiré les leçons des erreurs des programmes antérieurs, notamment à Casablanca, les villes nouvelles ne doivent pas ressembler à des cités-dortoirs. Elles seront dotées d’un maximum d’infrastructures et d’équipements collectifs : administrations, écoles, dispensaires, mosquées et complexes sportifs. Elles seront par ailleurs connectées aux réseaux de transport urbain afin de favoriser la mobilité des habitants, condition sine qua none pour y créer aussi un minimum d’activité économique, et portant comme une source de revenu pour les résidents. Pas question donc de refaire d’immenses cités-dortoirs avec ce que cela suppose comme risques sociaux.

Les premières opérations d’aménagement des villes-satellites ont été lancées à Marrakech et Rabat. A en croire les prévisions du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, d’autres suivront à Tanger, Tétouan et Agadir. La ville-satellite près de Marrakech, Tamansourt, abritera 40.000 logements dont plus de la moitié de type HLM capables d’accueillir 200.000 habitants. La nouvelle ville de Tamansourt et son écosystème nécessitera la bagatelle de 10 milliards de dirhams. L’avantage est donc de diversifier et d’élargir l’offre en proposant des prix bien plus bas que ceux pratiqués à Marrakech intra muros.

Réalisés dans le cadre d’un partenariat public-privé sur une superficie de 175 ha, les travaux à Tamansourt avancent plus rapidement que prévu. « C’est un projet qui respecte minutieusement le chronogramme », indique-t-on auprès des responsables du ministère de l’Habitat. En 2007, à peine deux ans après son lancement, la ville-satellite de Marrakech accueillait ses premiers habitants et au total 300 ha de villas économiques (499 résidences) ont été livrées.

Après la ville ocre, c’est au tour de Rabat d’abriter dans sa banlieue une nouvelle ville-satellite, Tamesna. La cité est édifiée sur une superficie de 860 ha et devra accueillir quelque 250.000 habitants. Comme pour Tamansourt, c’est le holding Al Omrane qui est en charge de ce projet dont le coût global est estimé à 15 milliards de dirhams. Sur les 52.000 logements programmés, 10.000 unités seront destinées aux ménages à faibles revenus.

La nouvelle ville en cours de réalisation à Sidi Yahya Zaër couvrira 30% du déficit global de la région en matière d’habitat estimé à 171.000 unités à l’horizon 2015, selon Mohamed Benyahia, directeur de Tamesna. Les 42.000 restants sont des standings variés et hiérarchisés afin de favoriser la mixité sociale. Par ailleurs 70 ha seront dédiés aux activités génératrices de revenus, une solution pour ne pas transformer Tamesna en une ville-dortoir. Elle sera équipée aussi d’un campus pour l’enseignement supérieur. L’aspect environnemental est aussi présent. Outre la forêt avoisinante, 120 hectares sont réservés à la création de parcs et d’espaces verts.

Tamesna ne sera pas la seule ville-satellite de la capitale, une autre, verte cette fois, recevra ses premiers habitants en 2010, baptisée Bab Zaër. Le projet s’étend sur un domaine agricole de 3000 hectares dans la commune de Oum Azza. A moins de 30 kilomètres de Rabat, Bab Zaër sera une ville « idéale », loin des modes standardisés. A terme, en 2030, près de 82.000 personnes devront y vivre. Etudes de marché, études urbaines et architecturales, études financières et contrôle qualité, le tout chapeauté par la société d’aménagement de Bab Zaër (SDBZ).

Ancrée dans une conception écologique dans la gestion urbaine, cette ville aura une faible densité globale d’habitants et respectera sa connotation rurale. « Il y aura beaucoup de verdure, pas de barre de béton ni d’immeubles de plus de quatre ou cinq étages », affirme un cadre travaillant sur le dossier. Bab Zaër autorisera l’agriculture urbaine intégrée et sera dotée de tous les équipements collectifs nécessaires.

L’eau sera obtenue grâce à un système de rétention, de récolte des eaux de pluies, de drainages superficiels et de recyclages. L’électricité verte sera épaulée par le solaire qui servira à la production domestique de l’eau chaude sanitaire ainsi qu’à l’éclairage public. Un partenariat public/privé inédit au Maroc, selon les promoteurs. Déjà en 1996, le projet Sala Al Jadida inaugurait la politique des nouvelles villes au Maroc. L’ensemble du parc de logement comprenant 15.096 logis, en grande partie sociaux, a été réalisé. La capitale accapare ainsi la majorité des nouvelles villes-satellites. Rabat était à l’étroit, ces nouvelles villes vont lui permettre de « respirer ».

Source : L’Economiste - A.E.Y.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Tamansourt - Villas économiques - Villes sans bidonvilles - Bab Zaër - Tamesna

Ces articles devraient vous intéresser :

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

Aide au logement au Maroc : le flop ?

Applaudi à son lancement, l’aide au logement ne suscite plus le même engouement. À ce jour, 8 500 personnes ont bénéficié de cette subvention.

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

Maroc : les bureaux ne trouvent plus preneurs

Le secteur de l’immobilier à usage professionnel au Maroc traverse une zone de fortes turbulences. Au premier trimestre 2025, le marché a connu un net recul, marquant une frilosité marquée de la part des investisseurs et des acquéreurs.

À Rabat, les opérations de démolition passent mal

Les membres de la Fédération de la Gauche Démocratique au sein du conseil municipal de Rabat voient d’un mauvais œil les opérations de démolition et de relogement qui ont touché plusieurs quartiers tels que l’Océan et Douar El Askar et appellent à leur...

Aide au logement : un vrai succès chez les MRE

Près de 20% des potentiels bénéficiaires du nouveau programme l’aide au logement lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier sont des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Marocains, n’oubliez pas de déclarer les revenus fonciers

Le dépôt de la déclaration de revenus fonciers soumis à l’impôt sur le revenu (IR) et le paiement dudit impôt, doivent être effectués au plus tard le 29 février, a prévenu la Direction générale des impôts (DGI).

Les MRE très attendus cet été pour booster l’immobilier

Les initiatives gouvernementales et le retour massif des Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent à la relance du marché de l’immobilier marocain.

Casablanca : Aïn Chock arrache son droit à trois étages

Il est désormais possible d’ériger un troisième étage sur les bâtiments situés dans plusieurs quartiers de l’arrondissement de Aïn Chock, à Casablanca.

MRE et fiscalité : que change l’usage du bien immobilier ?

L’imposition d’un bien immobilier situé au Maroc dépend directement de son usage. Pour un Marocain résidant à l’étranger, les conséquences fiscales varient selon que le bien est occupé à titre d’habitation principale, loué, transmis à un proche, ou...