La directive européenne sur les banques étrangères exerçant dans l’Union européenne (UE) inquiète les autorités et les banques marocaines qui craignent une baisse drastique des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) du fait de cette...
Après le chant de cygne de Najat Attabou chantant, maladroitement, les marhabas, voilà venu le temps où l’émigration est présentée comme le coffre-fort garni de l’économie du pays.
En tant qu’acteur de l’émigration marocaine, j’hésite, pour ne pas dire que je répugne, à aborder dans mes chroniques le sujet des MRE. Par principe, je refuse d’user de cette fenêtre comme lieu de diffusion de mes options propres sur le sujet. Cela serait opportunisme et abus de la délicatesse de mes amis d’ALM. Sans compter le possible agacement du lecteur avec un sujet sur lequel il est largement bassiné. Tout particulièrement l’été.
Il serait légitime de plaindre le MRM, c’est-à-dire le Marocain résidant au Maroc. Chaque été, il doit subir la rengaine qui célèbre tous « ces oncles d’Amérique » qui du haut de leurs « baztam » contribuent généreusement à l’économie du pays. Après les banderoles bancaires qui clamaient, suspendues au milieu des boulevards, les youyous de bienvenues. Après le chant de cygne de Najat Attabou chantant, maladroitement, les marhabas, voilà venu le temps où l’émigration est présentée comme le coffre-fort garni de l’économie du pays. Un porte-monnaie débordant d’épargne, d’euros et de milliards. Oui. Des milliards transférés par des MRE, qui dans un geste d’altruisme héroïque, entendent contribuer au développement du bled.
Dieu sait que j’ai rencontré beaucoup de MRE dans ma vie. J’ai rarement entendu l’un d’eux revendiquer ce projet socio-politico-économique.
J’ai une certitude inébranlable. Les MRE aiment leur pays. Et pour cause. Ils y ont leurs familles. Leurs parents. Leurs villages. Dans leur majorité, quand ils le peuvent, ils sont solidaires avec leurs proches. Pour cela, ils dégagent des moyens et rarement des discours. Il y a en revanche un certain nombre de spécialistes qui hantent les couloirs de l’émigration. Ce sont ceux qui, à coups de « club des investisseurs » chimérique, de congress mensongèrement pléthorique ou je ne sais quelle autre cabine téléphonique rachitique, ne cessent indûment et indécemment de jeter à la figure des Marocains d’ici les milliards épargnés. Pire, ils revendiquent parfois (bla hya bla hachma) d’être à l’origine de l’affermissement de ces flux financiers. Ce sont les mêmes qui, il y a moins de dix ans, prédisaient le tarissement de la source financière dégagée par l’émigration avec l’avènement de la troisième et la quatrième générations. Non seulement, ils se sont lourdement trompés mais ils se sont adaptés, par des pirouettes, à la nouvelle donne pour gueuler encore plus fort. Prendre les Marocains pour des imbéciles a assez duré. Vivement que le futur Conseil supérieur y mette le holà.
L’autre serpent de mer, c’est cette affaire de député et de représentation politique. S’il y a lieu de souligner la puissance du volontarisme du discours de Sa Majesté le Roi, le 6 novembre. Il y a tout aussi lieu, pour les MRE, d’être à la hauteur des perspectives que ce même discours ouvre. Pour en réussir correctement la traduction, il y a besoin de temps. Rien n’empêchera, par exemple, que la question de la citoyenneté des MRE soit l’un des premiers points à traiter par le Conseil supérieur. Quant à ceux qui sont pressés, leur empressement les desserre puisqu’il dévoile la part personnelle de leurs calculs mesquins.
Driss Ajbali - Aujourd’hui le Maroc
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