Les saisonnières marocaines, victimes d’exploitation sexuelle à Huelva

2 mai 2023 - 11h30 - Espagne - Ecrit par : P. A

Plusieurs bidonvilles dans les principales campements agricoles de Huelva accueillent des saisonnières marocaines à des fins d’exploitation sexuelle et de jeunes migrants exploités par le travail. C’est ce que révèle l’association Andalucia Acoge, dénonçant un trafic d’êtres humains qui gagne du terrain.

Les 3 000 personnes qui arrivent chaque année à Huelva pour la campagne de récolte de fruits rouges, sont devenus la cible des réseaux de trafic d’êtres humains, dénonce l’association Andalucía Acoge dans son dernier rapport « Conséquences de la discrimination dans les campements de la province de Huelva ». Les victimes de ces organisations criminelles sont souvent des saisonnières et des jeunes migrants, sans-papiers, qui vivent dans des bidonvilles.

« Être une femme et vivre ici est très difficile, nous sommes seules et sans défense et nous recevons continuellement des menaces et des propositions indécentes… Chaque jour, je crains pour ma vie, à cause des incendies, des bagarres et des abus… », déclare une femme d’origine marocaine en situation irrégulière. L’association a recueilli au cours de l’année dernière des dizaines de témoignages similaires dans 16 campements de Huelva après avoir mené 770 entretiens personnels, fait savoir El Confidencial.

À lire : Les saisonnières marocaines, victimes silencieuses d’abus sexuels en Espagne

La présence des femmes dans ces bidonvilles de Huelva qui existent depuis près de trois décennies, a été détectée il y a environ huit ans. Au départ, il s’agissait de migrants équato-guinéens et nigérians pour la plupart, mais de plus en plus de saisonnières marocaines qui choisissent de rester à Huelva à la fin de la campagne des fraises, se retrouvent dans ces campements. En situation irrégulière et très vulnérables, elles sont souvent victimes de violences physiques et d’agressions sexuelles.

Selon le rapport d’Acoge, 40 % des femmes interrogées admettent avoir été forcées à vivre dans ces bidonvilles et 13,3 % affirment y avoir vécu dans le passé. Elles sont généralement victimes d’exploitation sexuelle par ces réseaux de trafic d’êtres humains qui recrutent aussi des jeunes migrants subsahariens qu’ils exploitent par le travail. « Ayant peur d’être expulsés ou dénoncés, ces sans-papiers (saisonnières et migrants) finissent par céder aux pressions qu’ils subissent », déplore Ana Pinto, la porte-parole de l’association.

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Sujets associés : Espagne - Femme marocaine - Sexualité - Violences et agressions

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