19 % des Marocains sont obèses

2 avril 2002 - 08h04 - Maroc - Ecrit par :

« La graisse de A à Z » est le thème de la deuxième journée scientifique sur l’obésité organisée à Casablanca par l’Association Marocaine de Chirurgie Plastique Reconstructive et Esthétique (SMCPRE). Un thème d’actualité, puisque les scientifiques ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur l’obésité qui devient une véritable épidémie. Si rien n’est fait maintenant pour stopper cette pandémie, plusieurs millions de personnes souffriront de maladies chroniques (cardiovasculaires, diabète gras, certains cancers...) qui sont la première cause de décès prématurés.

L’obésité, ce phénomène qui connaît une certaine augmentation depuis quelques années est en passe de devenir une véritable épidémie. Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) plus de 250 millions de personnes souffrent d’obésité et ce chiffre augmentera au cours des prochaines années. En effet, plusieurs études ont montré que le surpoids et l’obésité n’épargnent pratiquement aucun pays. De l’Amérique à la Chine en passant par l’Europe et les grandes villes d’Afrique, la plupart des régions du monde sont touchées par ce fléau.
Les intervenants de cette journée ont affirmé qu’avec plus de 50 % d’Américains adultes trop gros, les États-Unis conservent de loin la tête de peloton. Mais sans atteindre de tels sommets, les autres pays industrialisés ne sont guère mieux lotis. En France par exemple, l’excès de poids et l’obésité touchent environ 25 % de la population. La maladie touche également les pays de l’Afrique du Nord et le Proche Orient : 35% des Égyptiens sont obèses, 16 % des hommes et 24 % des femmes en Arabie Saoudite. La Tunisie compte 14 % d’obèses dans sa population. Au Maroc, l’étude menée par l’institut Léger et léger a montré que 19 % de la population marocaine souffrait d’un excès de poids et d’obésité. Cette enquête a également montré que les femmes sont nettement plus touchées que les hommes. Les chiffres parlent d’eux -mêmes, le surpoids et l’obésité deviennent un problème sanitaire mondial. Au point que les organismes mondiaux de la santé et les scientifiques parlent d’épidémie mondiale et de problème de santé publique. En effet, l’obésité se transforme en une véritable maladie chronique dont les conséquences sur la santé sont multiples.
Elle constitue un réel danger dans la mesure où elle augmente de manière massive le risque d’apparition de nombreuses complications liées au diabète type II, à l’hypertension artérielle, aux maladies coronariennes et à l’apnée du sommeil.
Les intervenants ont, en effet, précisé que le « problème n°1 sans contexte est le diabète gras de type II. Un tiers des obèses est diabétique mais surtout 80% des diabétiques sont obèses. Un dixième de la population mondiale pourrait être diabétique d’ici 10 ans et l’épidémie d’obésité n’y est pas étrangère, elle en est, au contraire, l’un des principaux facteurs de risque. »
Hormis les problèmes médicaux, l’obésité peut être aussi une source de difficultés socioprofessionnelles. Les obèses peuvent parfois être victimes de discriminations à des niveaux très différents : l’accès à l’emploi et la promotion professionnelle.
Médicalement, on parle d’obésité lorsque l’indice de la masse corporelle « IMC » (le produit de la division du poids exprimé en kilogrammes par carré de la taille exprimé en mètre) est supérieur à 30, on peut considérer comme obèse une femme de 1m 56 pesant plus 73 kilos. Les causes sont multifactorielles : l’hérédité n’entre que pour 30% dans la constitution des obèses. Les facteurs psychologiques et sociaux, l’environnement jouent un rôle, bien souvent décisif. En effet, l’obésité est une maladie de la mutation sociale , elle se traduit par une adaptation à un environnement qui évolue de plus en plus vite et changement de style de vie marqué par la sédentarisation, l’inactivité physique et l’alimentation malsaine. Ce qui veut dire qu’en grande partie l’obésité peut être évitable par des modifications de mode de vie. Le traitement doit miser sur le comportement. En effet, dans la plupart des cas , il s’agit de corriger les erreurs alimentaires c’est-à-dire une rééducation du comportement alimentaire qui permet une perte de poids plus lente mais durable. Le spécialiste doit normalement aider le patient à trouver une solution pour équilibrer son alimentation plutôt que de lui prescrire un régime. Il existe, bien sûr, une multitude de régimes, mais d’après les spécialistes, ils sont souvent inadaptés et donc inefficaces.
Certains de ces régimes peuvent se révéler dangereux pour la santé. En effet, « les régimes favorisant les troubles du comportement alimentaire conduisent à l’autodépréciation et à la dépression. Au delà de ces traitements grand public, tout régime, même prescrit par un spécialiste, ne vaut que s’il est respecté à la lettre, mais surtout, s’il est suivi d’une période de stabilisation du poids qui permet d’éviter le retour des kilos. Il faut donc rester vigilant pour ne pas replonger, ce qui est souvent très difficile », affirment les spécialistes. L’activité physique est également recommandée pour perdre du poids. Elle doit être régulière et d’intensité modérée.
les médicaments ne doivent être prescrits que lorsque l’équilibre alimentaire et le sport ne donnent aucun résultat. Enfin, la chirurgie, comme par exemple la gastroplastie, peut être envisagée mais exceptionnellement dans les cas d’une obésité résistante exposant à des complications.
Conscients de l’ampleur du problème une équipe multidisciplinaire s’est constituée le 28 mars dernier en association (Société Marocaine d’Obésité et de Lipoplastie) pour encourager l’information, l’éducation, la sensibilisation, la recherche, et l’enseignement dans le domaine de l’obésité. Et bientôt, cette association mettera en place un site internet pour mieux dialoguer avec ses interlocuteurs et également mieux informer le grand pûblic sur cette pathologie.

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Sujets associés : Santé - Enquête - Alimentation

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