L’étau se resserre autour de l’application de paris sportifs 1xBet. L’Office des changes s’apprête à diligenter une enquête d’envergure sur de massifs transferts de fonds opérés depuis le Maroc vers des comptes liés à la société russe.
Au cœur du dossier : l’utilisation de cryptomonnaies interdites dans le royaume, comme l’USDT ou le Bitcoin, qui permettent de passer entre les mailles du filet. Cette enquête a été déclenchée après la découverte de transactions illicites dépassant déjà 7,2 millions de dirhams, poussant les autorités marocaines à tenter d’identifier l’ensemble des circuits financiers et des parieurs impliqués.
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L’enquête, qui mobilise plusieurs institutions dont Bank Al-Maghrib et l’Autorité marocaine du marché des capitaux, suggère que l’affaire pourrait n’être que la face cachée de l’iceberg. Au-delà des paris, les soupçons portent sur l’utilisation de 1xBet pour faciliter la circulation de fonds illicites, en exploitant des failles réglementaires. Des témoignages d’utilisateurs se plaignant de ne pas pouvoir retirer leurs gains viennent renforcer l’hypothèse d’un système opaque dont les finalités restent à éclaircir.
Face à cette situation, le gouvernement a réagi fermement. Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, accuse l’entreprise russe de siphonner des milliards de dirhams en devises étrangères à travers des méthodes qu’il qualifie d’« irrégulières ». Il met en perspective l’ampleur du préjudice pour les finances publiques en rappelant que les entreprises nationales du secteur, qui opèrent légalement, s’acquittent d’environ 2,5 milliards de dirhams d’impôts chaque année. Une manne fiscale qui échappe totalement à l’État dans le cas de la plateforme russe.
Un projet de loi encadrant les cryptomonnaies est pourtant « prêt », comme l’avait annoncé fin 2023 le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri. Il avait alors affirmé que « le texte juridique est désormais disponible, et que ses textes d’application sont en cours de préparation », une future législation qui vise précisément à mieux contrôler ces nouveaux flux financiers.