Pourquoi les femmes sont-elles marginalisées sur le plan politique ?

20 septembre 2002 - 10h39 - Maroc - Ecrit par :

A- Une situation sociale précaire

Passé de 90 % en 1960 à 67 % en 1994 pour l’ensemble des Marocaines, l’analphabétisme féminin continue toujours de toucher 90 % de personnes à la campagne.

Ces femmes continuent aussi d’effectuer, dans la majorité des cas, un travail invisible et non-salarié qui aggrave leur dépendance économique.
Sur le plan médical, leur situation reste difficile : la mortalité des mères est de 220 pour 100 000 naissances, soit un cas de décès d’une femme toutes les six heures.

B- Le statut de la femme sur le plan juridique

La situation des femmes ne dépend pas seulement de la conjoncture. Elle est également liée à son statut juridique tel que défini par la Moudawana, le code du statut personnel.

C- Les mentalités et les traditions

Le système patriarcal confine la femme dans un rôle de mère et d’épouse et limite sa sphère d’action au domaine privé, le domaine public étant considéré comme l’espace privilégié de l’homme. L’image véhiculée par les medias et le livre scolaire continue d’entretenir cette perception. Il est très rare que soit renvoyée par les médias une image de femme faisant de la politique, occupant un siège d’élue, un poste de ministre ou exerçant à un poste de responsabilité.

D- Du double rôle des femmes

De plus en plus actives à l’extérieur du foyer, les femmes sont astreintes à une double journée de travail qui leur occasionne un lourd surmenage. Leur participation à la vie active ne leur vaut pas, à la différence des hommes, d’être déchargées des tâches familiales et rares sont celles qui jouissent d’une aide de leur conjoint en la matière.
Les femmes sont souvent astreintes à une double charge de travail en tant que femme au foyer et en tant que femme participant à la vie active !

E- La non-implication des femmes

Les valeurs requises chez la femme - modestie, discrétion, effacement, silence - opposées aux qualités requises chez un leader - font que les femmes s’excluent du champ politique.

Ayant intériorisé un certain nombre de valeurs - modestie, discrétion, douceur, effacement, silence - opposées aux qualités requises chez un leader, les femmes d’elles-mêmes ont tendance à s’exclure du champ politique. Ce qui est considéré comme une valeur positive chez l’homme - l’ambition par exemple -, prend très souvent une dimension négative quand il s’agit de la femme. La crainte d’être marginalisées par des choix qui risquent de les placer en dehors du canevas traditionnel fait que peu de femmes osent s’aventurer sur le terrain du politique, posé de tout temps comme la chasse gardée de l’homme.

La crainte d’être marginalisées par des choix qui risquent de les placer en dehors du canevas traditionnel fait que peu de femmes osent s’aventurer sur le terrain politique, chasse gardée de l’homme
Tenue à l’écart de ce champ par la mentalité ambiante et par la réalité des institutions existantes, les femmes ne se sentent pas concernées par la chose politique, quelle que soit la forme que celle-ci revêt. Déjà entachées par l’absence de crédibilité qui les caractérise, les élections les intéressent encore moins car elles ne sentent pas
que leurs préoccupations sont prises en compte.

Al Bayane

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Partis politiques - Elections - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Il veut divorcer, une Marocaine offre une grosse somme pour le retenir

Après 18 ans de vie commune, elle ne peut se résoudre à la séparation. Pour tenter de sauver son mariage, une Marocaine a eu une idée aussi originale que désespérée : offrir de l’argent à la personne qui réussira à convaincre son époux de renoncer au...

Au Maroc, le hijab plébiscité, les excès rejetés

Une enquête menée par la Fondation Menassat pour les recherches et études sociales révèle qu’une majorité de Marocains sont en faveur du port du voile dans l’espace public.

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Des Marocains célèbrent la fin des accords de pêche avec l’Europe

Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

Cosmétiques contrefaits : une bombe à retardement pour les Marocaines

Nadia Radouane, spécialiste en dermatologie et esthétique, alerte les Marocaines sur les risques liés à l’utilisation des produits cosmétiques contrefaits.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Casablanca : du nouveau sur les circonstances du décès de trois femmes enceintes

On en sait un peu plus sur le décès de trois femmes enceintes dans une clinique privée de Casablanca lors de leurs accouchements par césarienne le 8 janvier 2025.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.