Limoge : Fatima, maman, et SDF

24 août 2019 - 09h10 - France - Ecrit par : Bladi.net

Alors qu’elle vient de donner naissance à son bébé, Fatima doit déjà faire face à de grosses difficultés. En effet, confrontée à des services sociaux impuissants et à un dispositif d’hébergement d’urgence saturé même en plein été, la jeune Marocaine doit son salut au collectif "Chabatz d’entrar".

Fatima et les associations qui l’accompagnent ont pu savourer une petite victoire jeudi dernier. Une première victoire certes, mais éphémère quand on considère la pénibilité des conditions dans lesquelles elle se retrouve avec son nouveau-né. En effet, Fatima n’a pas eu droit à toute cette réjouissance qui entoure la maternité.

Son calvaire a commencé à l’Hôpital de la Mère et de l’enfant (HME) où elle a donné naissance au petit Llyes, 5 jours auparavant. Ici, on lui a clairement signifié : "Il n’y a aucune solution d’hébergement pour vous", rapporte le média français, Le populaire.

Dès lors, a commencé l’enfer pour cette jeune maman de 34 ans, étudiante d’origine marocaine et titulaire d’un master, confrontée aux aléas d’un parcours qu’elle croyait pourtant avoir bien préparé et qui l’a finalement plongée dans une solitude extrême.

Désormais seule dans les rues de Limoges qu’elle connaît peu d’ailleurs, Fatima et son bébé n’avaient d’autre alternative que de dormir dans la rue ou plus précisément dans le quartier de la gare des Bénédictins. Cependant, dans cette avenue de la Libération où transitent d’autres familles sans solution, Fatima a mesuré l’ampleur du risque. "La nuit, il y a toutes sortes de gens dans le quartier de la gare, certains ont bu, d’autres sont étranges, alors avec un tout petit bébé, ce n’est pas sûr …".

Le Collectif "Chabatz d’entrar" évalue à 200 le nombre de places qu’il faudrait créer en Haute-Vienne pour faire face aux arrivées de personnes en situation irrégulière. Pour Angel, responsable syndical CGT et bénévole au Collectif, toutes ces personnes qui se retrouvent dans la précarité ne choisissent pas de telles conditions de vie, loin de leurs racines, juste pour le plaisir de venir en France ...".

L’autre choc psychologique vécu par Fatima aura été cette proposition hallucinante qu’on lui aurait faite : se séparer de son bébé qui serait placé dans un foyer et se débrouiller seule. "Je me suis sentie comme une mère maltraitante, j’ai beaucoup pleuré …", confie la jeune maman.

Fatima et son bébé peuvent se réjouir toutefois d’avoir enfin accès au dispositif d’hébergement d’urgence, ceci, après le combat du Collectif "Chabatz d’entrar" qui a toujours été à ses côtés. Llyes et sa mère ont été accueillis à hôtel, le 22 août 2019, au soir, pour une durée de trois mois, renouvelable une fois.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Immigration - Femme marocaine - Limoges

Ces articles devraient vous intéresser :

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Love is Blind, Habibi : un candidat irakien insulte les Marocaines

L’émission de téléréalité « Love is Blind, Habibi », sur Netflix, fait face à une vague de critiques suite aux propos tenus par un candidat irakien, Khatab, à l’encontre des Marocaines. Lors d’une interview radio, celui-ci a tenu des propos moqueurs...

France : les étrangers en règle désormais fichés

Un durcissement du traitement administratif des étrangers, même en règle, se dessine à Nantes. Une note interne de la police dévoile une procédure inédite qui fait grincer des dents.

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Rapport inquiétant sur les violences faites aux femmes marocaines

Au Maroc, les femmes continuent de subir toutes sortes de violence dont les cas enregistrés ne cessent d’augmenter au point d’inquiéter.

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Des Marocains réduits à l’esclavage dans le Lot-et-Garonne

Vingt travailleurs marocains ont été exploités dans des conditions indignes par une agricultrice du Lot-et-Garonne. Attirés par la promesse d’un contrat de travail et d’une vie meilleure, ils ont déboursé 10 000 euros chacun pour rejoindre la France.

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.

Le burkini banni dans plusieurs piscines au Maroc

Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...

« Sexy ! » : le harcèlement de rue dénoncé par une tiktokeuse au Maroc

Une célèbre tiktokeuse vient de visiter le Maroc et elle en vient à la conclusion que c’est le pays le plus sexiste au monde. Elle a toutefois salué l’hospitalité marocaine.