Transferts des MRE : comment expliquer la forte progression en 2021

16 septembre 2021 - 10h00 - Economie - Ecrit par : P. A

Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et notamment en Europe ont augmenté de 46 % à fin juillet 2021, déjouant ainsi les pronostics des experts du domaine qui annonçaient une baisse sévère en raison de la crise de l’emploi dans les pays d’accueil de la diaspora marocaine.

L’évolution des transferts des MRE depuis le début de la pandémie a surpris les experts, économistes et les autorités financières du Maroc qui prévoyaient une chute des envois de fonds de la diaspora. Selon les données de l’Office des changes, les transferts des MRE ont connu en 2020 une croissance de 4,5 %, passant à 68,2 milliards de dirhams contre 65 milliards enregistrés entre 2017 et 2019.

À lire : Les transferts des MRE augmentent de 50%

Cette croissance surprise serait provoquée par la solidarité exprimée par les MRE à leurs familles au Maroc pendant la crise sanitaire, expliquent les experts de l’Office des changes, du ministère des Finances et de Bank Al Maghrib. La tendance haussière des transferts des MRE s’est poursuivie en 2021, affichant à fin juillet une progression de 45,6 %, un niveau jamais atteint auparavant. Pendant les sept mois de l’année, les transferts des MRE ont déjà atteint les 54 milliards de dirhams, soit 80 % du total des transferts de l’année 2020, fait savoir Médias24.

« Selon la dernière édition de la note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement « Migration and Development Brief N°34 » publiée en mai 2021, les transferts des MRE par région ont progressé en 2020 de 6,5 % en faveur des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, de 5,2 % pour les pays d’Asie du Sud et de 2,3 % pour les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. À titre d’exemple, ces transferts ont augmenté respectivement de 18 % et 17 % en 2020 dans le cas du Bangladesh et du Pakistan. De même, les transferts de fonds des migrants du Mexique ont marqué une amélioration de 10 % durant la même période », explique l’Office des changes qui note que cette tendance est mondiale.

À lire : Les transferts des MRE devraient fortement augmenter cette année

Mais plus encore, « la constance des envois de fonds des migrants peut en grande partie s’expliquer par les mesures de soutien budgétaire aux ménages et aux entreprises dans les pays d’accueil notamment d’Europe qui ont contribué à une conjoncture économique plus favorable », avance la même source. En France, les envois de fonds des MRE ont progressé de 5,8 % en 2020, soit 1,3 milliard de dirhams de plus qu’en 2019. Même tendance notée en ce qui concerne l’Espagne et l’Italie où les transferts ont aussi progressé respectivement de 9,8 % et de 6,5 % au cours de la même période. En revanche, les transferts des MRE en provenance des Emirats arabes unis ont chuté de 3,1 %.

Pour l’expert mondial Iñigo Moré, enseignant à Berkeley et fondateur de Remesas.org, la solidarité ne saurait à elle seule justifier cette tendance. « La solidarité existe évidemment, et se poursuivra. On ne peut pas le nier, elle est même à l’origine des transferts. Mais cet effet n’explique pas la forte progression réalisée en 2020 et surtout en 2021 », fait-il observer. Selon lui, cette progression n’est que le reflet d’une réalité qui existait, mais qui n’était pas exprimée dans les statistiques officielles.

À lire : Malgré la crise sanitaire : les transferts des MRE en hausse

« Avant, un MRE pouvait entrer à n’importe quel moment de l’année au pays avec de l’argent dont il laissera une partie à la famille. Ce n’était pas comptabilisé comme un transfert. Mais avec la fermeture des frontières, les restrictions de voyage, ce flux est devenu par la force des choses formel, d’où la forte progression que l’on voit aujourd’hui dans les chiffres », développe l’expert qui prévoyait un essoufflement de la tendance haussière dès septembre 2020. « En effet, c’était ma prévision. Mais on est face à une situation nouvelle qui chamboule tous nos modèles de prévision. Aujourd’hui, il faut intégrer le facteur de la formalité, tenir compte également des taux d’intérêt et du taux de change qui constituent aussi des facteurs importants », renchérit-il.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Espagne - Italie - Transferts des MRE

Aller plus loin

Les transferts des MRE devraient fortement augmenter cette année

Dans la lignée du rebond attendu de la croissance économique en 2021 et 2022, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) vers le Maroc devraient augmenter de...

BAM : une étude pour expliquer les transferts records des MRE

Bank al-Maghrib (BAM) va mettre sur pied une commission ad hoc qui sera chargée d’apporter des explications sur la hausse spectaculaire des transferts de la diaspora marocaine...

Vers une forte progression des transferts des MRE

Bank Al-Maghrib (BAM) est persuadée que les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) devraient poursuivre la tendance à la hausse amorcée depuis le début de l’année.

Les transferts des Marocains du monde s’élèvent à 100 MMDH en 2021

Malgré la pandémie du Covid-19 et ses conséquences sur les activités, les transferts des Marocains du monde (MDM) ont atteint 100 milliards de dirhams (MMDH) en 2021. Ce montant...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc déroule le tapis rouge aux investisseurs MRE

Karim Zidane, le ministre délégué chargé de l’Investissement, a annoncé la décision du gouvernement de créer une cellule dédiée aux Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui souhaitent investir dans leur pays d’origine.

Pourquoi le Maroc ne sait pas profiter des MRE

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) boostent l’économie marocaine grâce à leurs transferts de fonds. Cependant, ils sont des leviers essentiels insuffisamment utilisés par le Maroc en raison de certains obstacles.

L’économie marocaine dopée par les MRE

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement indique que 20 % des transferts d’argent de la région MENA proviennent des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Marocains de l’étranger : des transferts d’argent records

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont envoyé 91,52 milliards de dirhams (MMDH) au Maroc entre janvier et septembre 2024.

Les MRE : des acteurs économiques majeurs, oubliés par les institutions

Un récent rapport du Centre Al Hayat met en exergue la contribution significative des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement de leur pays d’origine. Toutefois, ces derniers restent confrontés à des difficultés qui limitent leurs...

Les transferts des MRE menacés : l’Europe suscite l’inquiétude des banques marocaines

Les banques marocaines présentes en Europe sont confrontées à de nouveaux défis avec la mise en vigueur annoncée d’une directive européenne visant à mettre fin aux transferts de fonds des étrangers vers leurs pays d’origine, dont les Marocains de la...

Comment les transferts des MRE dopent l’économie marocaine

Depuis 2003, le Maroc célèbre chaque 10 août la Journée nationale des migrants. Instaurée par le roi Mohammed VI, elle offre l’occasion de mettre en lumière la contribution des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement économique, social...

L’Europe menace les transferts des MRE vers le Maroc

Inquiets de l’impact de la directive européenne encadrant la présence des banques étrangères sur le sol de l’Union européenne (UE) sur les flux des transferts des MRE, Bank Al-Maghrib (BAM), plusieurs banques, le ministère des Affaires étrangères et de...

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

La directive européenne sur les banques étrangères exerçant dans l’Union européenne (UE) inquiète les autorités et les banques marocaines qui craignent une baisse drastique des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) du fait de cette...

MRE : des milliards qui boostent les banques, mais pas l’économie

Malgré leur hausse continue, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ne contribuent pas à la croissance économique du Maroc, révèle un récent rapport gouvernemental, notant que la part de ces fonds dédiée à l’investissement reste...