Affaire Annajat : Embauche d’un petit millier de victimes et saisie de la justice

7 mars 2003 - 10h30 - Maroc - Ecrit par :

Sur les trente mille victimes de ce qui est désormais connu sous le nom d’“Affaire Annajat”, l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) est parvenue jusqu’à présent à faire embaucher un millier.

Ils l’ont été par des entreprises du secteur privé, dont de grandes surfaces. On comprend dès lors la conviction de l’actuel titulaire du portefeuille de l’emploi, des affaires sociales et de la solidarité, Mostapha Mansouri, selon laquelle cette affaire ne pourrait être réglée de manière définitive que sur le moyen et le long termes. C’est en tout cas la parole que ce dernier est allé, ce mardi, prêcher auprès des députés de la commission des affaires sociales et islamiques. A la demande de certains d’entre eux. Le gouvernement, et c’est l’objet de l’autre nouvelle apportée par le ministre aux membres de ladite commission, a saisi la justice pour que finalement les responsabilités soient déterminées et les poursuites judiciaires engagées.
Dans l’entourage du ministre Mansouri, on souligne que pas moins de 80% des initiatives entreprises en vue de clore ce “très lourd dossier”, consistent en des tentatives de placement ou remplacement des victimes. A l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Et en ce qui concerne cette dernière “piste”, l’allusion est plus concrètement faite à la priorité que les personnes flouées dans cette affaire pourront avoir dans la gestion par le gouvernement de l’accord liant le Maroc et l’Espagne dans le domaine du travail saisonnier. L’occasion pour le ministre, et d’après des sources parlementaires, de préciser que la situation de l’écrasante majorité des victimes demeure en suspens. Que certaines autres ont réintégré leur emploi d’avant leur candidature au travail pour le compte de la société émiratie. Et, qu’enfin, une troisième catégorie de victimes, une fois munies de leur passeport, ont quitté le Maroc.
Dans le volet relatif à l’indemnisation des victimes de la société émiratie, un sérieux écart existerait entre l’offre gouvernementale et celle justement défendue par les victimes. la première serait minimaliste, en quelque sorte, en se limitant au remboursement des frais d’analyses médicales, de transport (à destination de Casablanca) et d’hébergement engagés par les anciens candidats. Alors que les victimes de l’escroquerie souhaiteraient se faire indemniser à hauteur de près de 10.000 dollars chacun, soit une somme de 700 dollars multipliée par treize (mois).
Pour ce qui est des frais tenant aux analyses médicales, les services de la clinique casablancaise où elles avaient eu lieu, le ministère de l’Emploi ainsi que celui des Finances examinent actuellement les modalités de leur remboursement.
Le ministre Mansouri a par ailleurs informé les députés des initiatives prises par son ministère pour que le Maroc soit mieux “immunisé” contre ce type de manipulation. Il s’agit de la restructuration de l’ANAPEC mais, aussi, de la préparation, par ses services, d’un projet de loi sur l’intermédiation en matière d’emploi, domaine ayant jusque-là échappé au législateur marocain.

Mokhtar GHAILANI

Liberation, Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Corruption - Abbas El Fassi - Emploi - Anapec

Ces articles devraient vous intéresser :

En fin de compte, les fonctionnaires marocains (très) bien payés

Le gouvernement marocain a revu à la hausse les salaires des fonctionnaires et agents de l’État. Younès Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, est porteur de cette bonne nouvelle.

Une lettre particulière d’Amine et de Yasmine à Emmanuel Macron

Dans une correspondance, Amine et Yasmine, deux enfants de huit ans expriment des inquiétudes quant à l’avenir de Casino Saint-Étienne où travaillent leurs parents et demandent au président de la République française Emmanuel Macron de sauver le groupe.

La Banque mondiale analyse en détail le tourisme marocain

Le tourisme représente environ 7 % du PIB et génère plus de 500 000 emplois directs, soit environ 5 % de la population active marocaine. C’est ce qui ressort du dernier rapport de la banque mondiale sur la situation économique du Maroc.

Affaire Rachid M’Barki : les ramifications d’un réseau d’influence

L’affaire Rachid M’Barki du nom de l’ex-présentateur franco-marocain du journal de la nuit de BFMTV, mis en examen pour « corruption passive » et « abus de confiance » n’a pas fini de livrer tous ses secrets.

Maroc : le ministère de l’Intérieur traque certains projets

Le ministère de l’Intérieur a décidé de renforcer son contrôle sur les projets de développement à travers le pays. Cette initiative fait suite à des observations inquiétantes concernant des retards volontaires dans l’exécution de ces projets, visant à...

L’Europe renforce ses sanctions commerciales contre le Maroc

L’Union européenne (UE) affiche sa détermination à utiliser pleinement les instruments de défense commerciale pour protéger son industrie et les emplois qu’elle génère du Maroc.

Le Maroc en manque d’ouvriers

Le secteur de la construction au Maroc est confronté à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. En cause, les nombreux chantiers d’infrastructures lancés dans la perspective de la Coupe du monde 2030.

Maroc : Trop de centres commerciaux ?

Au Maroc, la multiplication des malls soulève des inquiétudes. Les fermetures de plusieurs franchises enregistrées ces derniers temps amènent à s’interroger sur la viabilité de ce modèle commercial.

Corruption au Maroc : les chiffres qui révèlent l’étendue des dégâts

Une étude de l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) dresse un état des lieux préoccupant de la corruption au Maroc.

La Police marocaine recrute

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) lance une vaste campagne de recrutement pour renforcer ses effectifs. Près de 6 500 postes sont à pourvoir, couvrant une variété de grades et de fonctions au sein de la police nationale.