Des agents marocains ont quitté le territoire du royaume pour arrêter des migrants de l’autre côté de la frontière à Melilla. « J’ai été surpris de voir des policiers marocains du côté espagnol de la clôture, agressant et refoulant des migrants. C’est une première depuis quatre ans que je travaille à Melilla », explique le photojournaliste de Público, Javier Bernardo, qui a été témoin des événements. D’autres agents marocains ont été vus en train de récupérer des migrants remis par des agents espagnols.
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Selon des sources du ministère de l’Intérieur espagnol, l’opération a été menée suivant les textes en vigueur, manquant de préciser si les agents marocains avaient l’autorisation d’entrer sur le territoire espagnol. Il s’agit de « retours chauds », assure l’Intérieur. Pourtant, plusieurs experts juridiques trouvent anormale la présence de troupes marocaines sur le sol espagnol. « Cela ne peut se produire que dans un cas exceptionnel », a expliqué l’avocat Andrés García Berrio. Pour sa part, Daniel Amelang, avocat du Réseau juridique, considère cette opération comme « irrégulière ».
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Sur les 2 000 migrants qui ont tenté de sauter la clôture à Melilla, 500 ont réussi à franchir la clôture et 133 ont pu entrer dans la ville. Les autorités marocaines estiment à 23 le nombre de migrants décédés dans cette invasion. Ils sont morts d’étouffement ou des suites d’une chute de la clôture haute de près de 10 mètres. Le président du gouvernement, Pedro Sanchez, a salué la collaboration entre les forces marocaines et espagnoles pour repousser ces migrants.
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De leur côté, l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) et l’ONG espagnole Caminando Fronteras ont dénoncé l’« extrême violence » dont ont fait preuve les migrants comme les agents espagnols et marocains. Elles demandent l’ouverture d’une enquête indépendante pour situer les responsabilités.