L’architecture traditionnelle face au béton : Quel avenir pour le Maroc post-séisme ?

10 octobre 2023 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Le tremblement de terre du 8 septembre qui a endeuillé le Maroc a fait environ 3 000 morts et 5 600 blessés et endommagé quelque 60 000 habitations dans près de 3 000 villages dans le Haut-Atlas et ses environs. Un mois après, comment reconstruire les villages pour éviter une autre catastrophe.

L’un des enjeux de la réhabilitation des “douars” montagneux décimés par le puissant séisme qui a secoué le Maroc il y a un mois est la reconstruction sans bétonner les villages. Une reconstruction pouvant allier durabilité et respect de l’architecture traditionnelle. Sur le terrain, les architectes se mobilisent et esquissent des idées en vue d’une reconstruction qui respecte les habitats traditionnels de ces régions isolées, largement défavorisées, rapporte The National News. Une lueur d’espoir pour les rescapés qui vivent sous tente, reçoivent des soins dans les hôpitaux de campagne et fréquentent des écoles temporaires. Il faut « encourager l’auto-construction encadrée, avec des matériaux locaux », estime l’architecte marocain Karim Rouissi après avoir visité une trentaine de villages, notamment à Al-Haouz, la province la plus touchée par le séisme.

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« Il est important que la réponse urbaine ne soit pas la même que pour les douars (villages) et les centres ruraux », a ajouté celui qui a récemment participé à des missions de diagnostic dans les zones sinistrées aux côtés d’autres bénévoles, architectes, ingénieurs, représentants du ministère de l’Habitat. Elie Mouyal, un autre architecte marocain déplore que les bâtisses traditionnelles en terre ou en pierre dans les zones touchées par le séisme, aient petit à petit laissé place ces dernières années, à des constructions en béton moins chères, mais « souvent mal faites ». « La confiance exagérée dans le béton a été un piège », affirme ce spécialiste de l’habitat traditionnel et de la construction en terre au Maroc, ajoutant qu’il a vu beaucoup plus de maisons en béton par terre après le séisme.

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Selon lui, les bâtisses en terre qui se sont effondrées étaient déjà en mauvais état avant le tremblement de terre. Aujourd’hui, il s’agit d’éviter « de calquer des expériences externes ou opter pour un habitat uniformisé », dira Philippe Garnier, architecte français ayant étudié les séismes de Bam en Iran (2003) ou en Haïti (2010). Selon ses explications, l’idée est de partir des expériences de construction traditionnelle des populations locales en y apportant des améliorations et ainsi revaloriser leur savoir-faire.

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Le Maroc a alloué un budget de 120 milliards de dirhams sur cinq ans à la reconstruction, au relogement et à la valorisation socio-économique des zones touchées par le séisme. Pour le roi Mohammed VI, il est d’une importance capitale « d’être à l’écoute permanente de la population locale » et de s’assurer du respect du « patrimoine unique » et des “traditions” de chaque région, lors de la reconstruction.

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