Une modification des critères d’admissibilité au permis de travail postdiplôme (PTPD) par le gouvernement fédéral canadien suscite une vive inquiétude au Québec. Des dizaines de programmes de formation professionnelle, souvent dans des secteurs en grave pénurie de main-d’œuvre, n’offrent plus cette voie d’accès au marché du travail pour les étudiants étrangers, une situation que les milieux de l’éducation et des affaires qualifient d’« incohérence ».
Selon une analyse d’Éducation internationale, un regroupement de centres de services scolaires, au moins 100 des 188 programmes de formation professionnelle sont désormais exclus du dispositif. Parmi eux, une quarantaine forment pourtant à des métiers considérés en pénurie par le ministère de l’Emploi du Québec, et cinq concernent le secteur de la construction, indique le Devoir.
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« Comment peut-on faire venir du monde pour combler nos besoins dans les secteurs en pénurie si les règles changent comme ça ? » s’interroge Lysiane van der Knaap, directrice d’Éducation internationale. Elle souligne que ces étudiants, formés pour des besoins ciblés et déjà francisés, sont les immigrants « parfaits ». Elle cite l’exemple d’un programme de transformation de métaux au Saguenay, modernisé par Québec pour pallier une pénurie, qui dépend des étudiants étrangers pour être viable mais qui a perdu son attractivité sans l’accès au permis de travail.
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Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) abonde dans le même sens. Son responsable des politiques de main-d’œuvre, Daye Diallo, rappelle que la province compte environ 100 000 postes vacants, dont beaucoup requièrent une formation professionnelle. « Ce ne sont pas des gens qui arrivent ici et qui, in fine, vont se retrouver sur l’aide sociale », insiste-t-il, soulignant que ces diplômés répondent à de « réels besoins ».
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Pour M. Diallo, ce resserrement est une « solution de facilité » du gouvernement fédéral pour réduire le nombre d’immigrants temporaires. Mme van der Knaap critique de son côté l’instabilité des règles, affirmant que le gouvernement « joue au yoyo » avec la liste des programmes admissibles. À l’approche des consultations sur l’immigration qui débutent le 16 septembre, les acteurs québécois espèrent que le gouvernement provincial exigera un assouplissement de ces règles fédérales.