Annoncé en 2022, ce projet d’un budget global de 65 millions de dollars vise à attirer 1500 infirmières d’ici 2028, principalement dans les régions. La première phase, qui a coûté environ 16 millions, soit 77 000 dollars par personne, a permis le recrutement de 207 infirmières. Celles-ci suivent une formation d’appoint financée par le gouvernement dans des cégeps et perçoivent une allocation hebdomadaire de 500 dollars. Malgré ce cadre, le projet a rapidement montré ses limites sur le terrain.
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Le rapport, obtenu en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics, révèle que « rapidement lors du démarrage de la phase 1, des obstacles majeurs pour l’installation des participants ont été rencontrés ». Le document pointe des problèmes concrets qui ont lourdement affecté l’intégration des nouvelles arrivantes, dont certaines en provenance du Maroc. Parmi les principaux enjeux figurent la difficulté à trouver un logement, notamment pour les mères de famille, le manque de places en garderie et l’absence d’un réseau de transport en commun adéquat dans plusieurs régions, ce qui a forcé des dépenses imprévues pour l’achat d’un véhicule.
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Ces obstacles logistiques découlent, selon le rapport, d’un manque de préparation et d’information. Le document note que le projet n’a pas préparé les infirmières étrangères à la réalité de la vie au Québec et aux exigences du programme. Un constat amer partagé par un participant, qui a requis l’anonymat : « On était traités comme des enfants. […] La bonne information ne nous a pas été révélée ». Le rapport souligne d’ailleurs la nécessité de « présenter un portrait honnête des coûts et défis liés à la vie au Québec et dans la région de destination ».
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Cette critique sur le manque d’anticipation est reprise par des observateurs externes. « Je ne comprends pas pourquoi ces enjeux n’ont pas été correctement pris en compte lors de l’élaboration de ce programme », a ainsi dénoncé Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales. Aux problèmes matériels s’ajoute une pression académique et psychologique intense. Le rapport mentionne que « le rythme académique soutenu et les grandes conséquences en cas d’échec ont fait vivre un grand stress aux étudiants ».
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Finalement, le document ministériel conclut que ces multiples défis ont eu des répercussions directes sur l’expérience des participantes. « Dans la majorité des régions, les participants au projet ont dû faire face à des enjeux qui ont complexifié leur intégration et qui ont pu avoir un impact négatif sur leur pleine participation à la formation d’appoint ».