Bons baisers du Maroc

6 octobre 2013 - 12h42 - Maroc - Ecrit par :

L’un des exercices les plus ardus à pratiquer dans le plus beau pays du monde est d’analyser et de décortiquer la scène publique en étant muni du bistouri de la raison et de la logique. Mener cette tâche à bon escient peut vous doter d’une migraine, une pratique quotidienne de cet exercice est le droit chemin à l’asile psychiatrique.

En Jordanie, on a revu les prix des carburants à la hausse, le peuple a répondu avec un soulèvement où les portraits du roi Abdallah II ont été vandalisés. Au Soudan, des victimes sont tombées sous la répression du sanguinaire Omar El-Bechir suite à la même décision. Quant au Maroc et grâce à son exception réputée, une seule augmentation n’a pas suffi. Du coup, on a récidivé, dans la joie et la bonne humeur. Lors de la première augmentation, un pantin est sorti calmer les ouistitis que nous sommes en affirmant qu’il veillera à ce que le prix des bananes n’augmentera guère. La deuxième fois, le pantin n’a même pas daigné s’adresser aux ouistitis. Sublime.

Notre pays est sans gouvernement depuis plusieurs mois. Énième preuve que ce dernier n’est qu’un pare-chocs sans surplus. « Une croissance à 7% », « une lutte acharnée contre le despotisme et la corruption », « une bonne gouvernance et de la transparence » … C’étaient les slogans du PJD lors de sa campagne. Maintenant Benkirane invite les marocains à remercier Dieu « car ils ont de l’électricité et en prime, sans coupure … ». Pauvre tyrannie terrassée … Chabat prend les rênes de l’Istiqlal et invite les ânes aux manifestations « politiques » au boulevard le plus important de la capitale. Mezouar, avec ses primes qu’on ne présente plus, s’apprête à reprendre les finances du pays. Cerise sur le gâteau : le pauvre PJD « Dénonce, fustige et crie » à l’égard des « pratiques douteuses » ayant conduit à la perte de son siège à Moulay Yaacoub. Ah oui, c’est vous qui allez éradiquer le despotisme ? Riez ou pleurez, vous avez au moins le choix.

Et afin de veiller à l’exception marocaine, il fallait emprisonner le plus dangereux terroriste du pays : Anouzla. Et oui, avec sa plume il menait constamment des attentats nuisant à la sérénité des marocains. Les sujets de sa majesté qui offrent leurs âmes et corps au commandeur des croyants veulent que le budget royal soit de 15 fois celui de son confrère espagnol et adorent qu’on gracie les pédophiles ayant abusé de leur progéniture. Qu’en savent les mille et une organisations internationales qui ont fustigé cette arrestation ? Qu’en sait le Washington Post à l’exception marocaine ? Qu’en savez-vous bande de nihilistes ? Soulignons ici la prestation ubuesque d’un présumé porte-parole du gouvernement pour défendre cette arrestation. C’est une excellente manifestation de l’incompétence et de la bassesse d’un ministre qui s’est converti au rôle du « Berrah » du régime, faute de pouvoir exercer ses fonctions dans un ministère qu’on bannit dans les pays démocrates.

Ah oui, n’oublions pas les baisers. Nous avons mis en taule, les voyous, les tueurs les pédophiles (pardon, ceux-là on les gracie) et les corrompus. Vint le tour des adolescents du baiser. Entre temps allons raconter aux citoyens d’Imider et d’Anefgou comment on a inventé « le militantisme des baisers » et comment on a créé le front national à la défense des lèvres insoumises pour contrecarrer les « atteintes féroces » aux libertés individuelles. Quand on aura fini, rendons une visite à Anouzla et présentons-lui nos fulgurants accomplissements … à la défense du baiser.

Mahdi Zahraoui

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Salaheddine Mezouar - Caisse de compensation - Jeunesse - Abdelilah Benkirane - Ali Anouzla - Hamid Chabat - Gouvernement marocain

Ces articles devraient vous intéresser :

Bouteille de gaz au Maroc : le prix flambe à partir d’avril

Le compte à rebours est lancé. À partir du 1ᵉʳ avril 2024, les Marocains devront mettre la main à la poche pour se procurer une bouteille de gaz butane. Exit la subvention de l’État, le prix passera de 40 à 50 dirhams, actant la première étape d’une...

Le paradoxe de la Caisse de compensation au Maroc : une aide pour les riches

Le ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des finances, en charge du Budget, Fouzi Lekjaa, a révélé lors d’un débat général sur le Projet de loi de finances 2024 à la Chambre des représentants que la caisse de compensation profitait...

Suppression de la subvention au gaz au Maroc : une réforme indispensable ?

La décision du gouvernement de supprimer la subvention sur le gaz butane est opportune et salutaire en ce sens que ces ressources financières serviront à renforcer l’aide directe aux groupes vulnérables, a déclaré mardi Abdellatif Jouahri, Wali de Bank...

Remaniement ministériel au Maroc : les noms qui circulent

Un remaniement ministériel s’annonce imminent. Qui sont ceux qui ne feront plus partie de l’équipe d’Aziz Akhannouch ou garderont leurs portefeuilles ?

Le Maroc veut faire payer les géants du Web

Le gouvernement marocain est préoccupé par la réglementation fiscale des géants du numérique. Dans ce sens, il propose de nouvelles obligations fiscales dans le cadre du projet de loi de Finances (PLF) de l’exercice 2024.

Maroc : les démolitions sur les plages sont elles légales ?

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a été interpellé par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), sur le respect de la loi dans le processus de démolition de plusieurs résidences...

Rappel à l’ordre du cabinet royal : quelle sera la réaction du PJD ?

Jusqu’à présent, le Parti Justice et développement (PJD), dirigé par Abdelilah Benkirane, s’est gardé de tout commentaire après la mise en garde du cabinet royal, mais il pourrait réagir dans les tout prochains jours.

Maroc : très bonne nouvelle pour les salariés

En application de l’accord signé le 30 avril 2022 entre le gouvernement et les syndicats, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) va augmenter de 5 % dès le 1ᵉʳ septembre dans les secteurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture et...

Tanger Med : Un recrutement qui fait polémique

Zineb Simou, la parlementaire du parti Rassemblement national des Indépendants (RNI), a interpellé le gouvernement d’Aziz Akhannouch sur un recrutement au port de Tanger Med jugé exclusif.

Maroc : les réformes des lois sur les libertés individuelles passent mal

Les réformes des lois sur les libertés individuelles initiées par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi sont loin de faire l’unanimité. Après le parti de la justice et du développement (PJD), parti de l’opposition, c’est au tour du parti de la...