Sarah, Marie (nom d’emprunt), Nadia, Fatima (nom d’emprunt) et Nour (nom d’emprunt) décrivent ce qu’ils subissent dans cette école publique de Charleroi depuis quelques mois. Les accusations sont suffisamment graves. Les victimes parlent de harcèlement, de xénophobie et de racisme. Sarah serait incapable, en retard, sans matériel, avec « des élèves qui n’ont visiblement pas l’habitude de travailler », selon des rapports de la direction dont la Dernière Heure a eu accès. Il lui est aussi reproché sa façon de parler. Pourtant, elle a été félicitée par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui l’a inspectée.
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Marie (nom d’emprunt) dit aussi subir un harcèlement depuis qu’elle a osé prendre la défense de Sarah. Fatima (nom d’emprunt), également victime de harcèlement par la direction, avec des convocations incessantes pour un oui ou un non, a fini par quitter l’établissement. « On a dû me ramasser à la petite cuillère. On m’a hurlé dessus, on m’a harcelée nuit et jour, avec des SMS et des mails à 22 heures, minuit, une heure du matin. Je n’ai senti que de la haine et de la méchanceté. La direction a d’ailleurs fini par me virer du stage… », raconte pour sa part Nour (nom d’emprunt), qui a été stagiaire dans l’établissement durant ses études.
Les bruits de couloir font état d’une direction « qui manque de tact ». À entendre les témoignages des victimes, la xénophobie et le racisme sont perceptibles. La direction du centre éducatif et certains membres du personnel auraient tenu des propos racistes envers ces victimes d’origine maghrébine ou arabe. Morceaux choisis : « Je ne sais pas comment c’est dans votre pays, mais chez nous […] », « Si ça ne vous plaît pas, rentrez chez vous », « Une prof de français arabe, ce n’est pas commun », « Ces gens-là », « L’autre arabe elle n’engage que des comme elle », « Les gens comme vous manquent d’éducation », etc.
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Pourtant, ces femmes sont nées en Belgique et y ont toujours résidé. Les victimes ont saisi les autorités de la ville, mais n’ont obtenu aucune réponse satisfaisante. L’échevine Julie Patte prend les accusations « très au sérieux ». « « Les dossiers me sont remontés, des agents se plaignent de harcèlement et de racisme, mais j’ai également des éléments qui me viennent de la direction et de l’administration : les choses ne sont pas si simples, raison pour laquelle la Fédération Wallonie-Bruxelles a été appelée pour faire le clair », assure-t-elle. Une enquête sera ouverte prochainement.