Le confinement bouleverse les habitudes de consommation

10 avril 2020 - 06h30 - Economie - Ecrit par : G.A

Confinement oblige, les Marocains s’habituent désormais à faire leurs courses en ligne, et à se passer de l’achat des biens et services non essentiels. Que deviendront ces habitudes nouvelles adoptées en raison des mesures de restriction imposées pour lutter contre le covid- 19 ?

Si la gestion de la crise actuelle paraît difficile, l’après crise risque d’être encore plus difficile. Après plusieurs semaines de confinement, les citoyens expérimentent une autre façon de vivre, totalement différente de celle à laquelle ils ont été habitués depuis qu’ils sont nés. "Finis les après-midi shopping pour les uns et les vacances all inclusive à l’étranger pour les autres. Aux oubliettes l’achat du dernier smartphone ou SUV. Le consommateur marocain est face à un changement brutal de comportement", explique à TelQuel, Salima Jazi, responsable de la filière marketing et action commerciale à l’École nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Settat. "L’instinct de survie est le même partout et il prend par moments, le dessus sur toutes les autres valeurs", indique la spécialiste. Pour elle, "on pourrait observer après la crise, des comportements d’achat plus raisonnés, responsables et concentrés sur l’essentiel", a-t-elle ajouté.

Ce qui est sûr, certaines entreprises comme les restaurants, "pourraient passer au e-commerce et à la livraison à domicile pour amortir les effets de cette crise", souligne-t-elle en précisant que plusieurs enseignes se sont adaptées déjà à la situation en développant très rapidement leurs services de livraison et de nouvelles solutions de paiement sans contact ou d’achat en "drive".

Selon Mohammed Qmichchou, professeur au centre de recherche de management et de commerce à l’université Ibn Tofail de Kénitra, cette période de confinement pourrait aussi être une période de réflexion, d’introspection et d’autocritique. Surtout avec les pertes de revenus de beaucoup d’employés, de professionnels libéraux et d’artisans, "l’onde de choc économique risque d’être plus douloureuse".

Karim Tazi, patron de l’enseigne marocaine de prêt-à-porter Marwa, pense pour sa part qu’après la crise, "une priorité sera donnée à l’industrie nationale". Selon lui, le Maroc doit s’inspirer de ce qu’ont fait les régions placées en quarantaine avant lui, comme la région de Wuhan en Chine qui est aujourd’hui en fin de confinement.

Salima Jazi estime, elle aussi, qu’un grand pas est en train d’être franchi en ce moment concernant l’achat en ligne. "Un frein majeur qui empêchait le développement du e-commerce au Maroc, est le manque de confiance. Mais maintenant que le consommateur est contraint, il va devoir tester et retester ce canal d’achat ; et si l’expérience est concluante, il peut l’adopter définitivement, au moins pour certaines catégories de produits ou services", indique-t-elle. "Même si on ne reste pas sur les mêmes proportions d’adoption que celles observées aujourd’hui, je pense que certains comportements vont probablement perdurer dans le temps", insiste-t-elle.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Consommation - Coronavirus au Maroc (Covid-19)

Aller plus loin

Maroc : voici les villes où les prix ont baissé (et augmenté)

Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu une hausse de 0,1 % à fin janvier par rapport au mois précédent. Cela s’explique par...

AliExpress et Shein : la douane marocaine mène la vie dure aux acheteurs

Malgré la suppression de l’exonération des frais de douane sur les transactions d’une valeur inférieure à 1 250 DH, les Marocains n’ont pas arrêté de faire des achats en ligne à...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le prix des lentilles s’envole au Maroc

Le prix des lentilles a considérablement augmenté au Maroc, atteignant 32 dirhams le kilo chez les détaillants, contre 25 dirhams pour les lentilles importées.

Le Maroc prépare les aéroports de demain

Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.

Maroc : voici les villes où les prix ont baissé (et augmenté)

Les prix à la consommation ont affiché une légère baisse de 0,3%, selon les derniers chiffres dévoilés par le Haut Commissariat au Plan (HCP).

Maroc : colère des gérants de salles de fêtes

Après l’impact de la pandémie de Covid-19 sur leurs activités, les propriétaires et gérants de salles de fêtes disent faire face aujourd’hui à une concurrence déloyale insupportable de certains individus proposant des salles informelles et des villas...

Ramadan au Maroc : qui en profite le plus ?

Pendant le mois de Ramadan, les dépenses moyennes des ménages marocains connaissent une hausse de 18,2 % par rapport aux autres mois de l’année, selon une étude du Haut-commissariat au plan (HCP). Les secteurs de l’alimentation, de la vente des tenues...

Maroc : Le poisson du pauvre n’est plus

Au Maroc, le prix de la sardine connait une hausse record à moins d’un mois du Ramadan, atteignant 25 voire 30 dirhams le kilogramme selon les marchés. Une inflation due, selon les professionnels, aux changements climatiques et à la baisse de la...

Maroc : les hanouts se rebellent contre Coca-Cola

Au Maroc, un bras de fer oppose une multinationale de boissons gazeuses au Maroc (Coca-Cola) aux propriétaires d’épiceries, en raison de « pratiques commerciales abusives ».

Des clients en colère contre Maroc Télécom

Maroc Telecom a revu ses offres à la hausse au grand dam de ses abonnés qui souffrent déjà de la cherté de la vie.

Maroc : fin des frais « injustifiés » pour les factures en ligne

Le Conseil de la concurrence a lancé un avertissement : des frais de service ajoutés sur les paiements en ligne dans plusieurs secteurs économiques n’ont pas de justification. Ces coûts supplémentaires, selon le Conseil, freinent la digitalisation de...

Ces plantes qui empoisonnent les Marocains

L’intoxication par les plantes et les produits de pharmacopée traditionnelle prend des proportions alarmantes au Maroc. Le Centre antipoison du Maroc (CAPM) alerte sur ce problème de santé publique méconnu du grand public.