Corse : "les ouvriers marocains sont là parce qu’il n’y a pas eu de réponse à nos offres"

16 octobre 2020 - 09h40 - France - Ecrit par : J.K

Les premiers saisonniers marocains ont été accueillis à l’aéroport de Bastia-Poretta vendredi dernier, suivis de la deuxième vague, mercredi. Ils ne sont pas des voyageurs ordinaires, ni des touristes, mais ils sont en Corse pour cueillir et tailler dans les champs de clémentines de l’Île de beauté.

Ils sont près de 900 ouvriers agricoles qui vont être convoyés par voie aérienne du Maroc vers la Corse, indique Le Parisien, mentionnant que leur présence sur le sol corse est une véritable gageure par ces temps de crise sanitaire. " Ces hommes viennent en Corse depuis des décennies. Normalement leur voyage est une formalité. Mais avec le Covid-19, l’organisation a été colossale "a indiqué Simon-Pierre Fazi, le président de l’AOP de Corse.

Tout un budget. Pour les cinq avions affrétés, les logements et les autres charges, les 150 producteurs ont mobilisé 500 000 euros. Sans oublier les formalités administratives et l’incontournable dépistage des ouvriers avant leur départ de Casablanca, et les tests antigéniques, à leur arrivée à l’aéroport de Bastia, complète la même source.

Toutes ces tracasseries et dépenses, parce que sur place, ce travail n’intéresse pas la population de l’île :" Les ouvriers marocains sont là parce qu’il n’y a pas eu de réponse à nos offres. (…) car les conditions de travail sont très difficiles " a déclaré François-Xavier Ceccoli, président du groupe agricole Corsica comptoir, qui redoute, en même temps que ses pairs, le spectre d’un éventuel reconfinement ou de la fermeture des frontières marocaines. « Ils sont payés autour du smic, soumis au régime des heures supplémentaires et nous mettons gratuitement à disposition un logement, ce qui leur permet d’épargner. C’est un système gagnant-gagnant. », se flattent les employeurs occasionnels.

Pour rappel, les clémentines font partie du patrimoine de la Corse avec un chiffre d’affaires annuel de près de 80 millions d’euros. La filière représente 95% de la production nationale.

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