La douleur des musulmans s’est décuplée lorsqu’ils ont dû régler l’épineux problème de recherche de carrés musulmans, après avoir été éprouvés par un deuil. Cette situation difficile a été gérée grâce au dynamisme des autorités compétentes ou de l’imam de la région, rapporte le quotidien La Repubblica.
Les plus chanceux sont parvenus à trouver une place pour leurs proches dans les cimetières de la péninsule. C’est le cas de Moustapha, quinquagénaire dont la femme est décédée du covid-19, le 7 avril dernier après avoir été accidentellement contaminée à l’hôpital juste après une consultation “pour une banale intervention à la jambe”. Après la cérémonie d’inhumation, son mari, s’est recueilli devant sa dernière demeure, une tombe de terre grisâtre du carré musulman du cimetière de Bruzzano, dans la banlieue de Milan (nord) lâche tout désespéré : “C’est Dieu qui a voulu ça”.
Pour l’heure, il est difficile d’établir de statistiques officielles sur le nombre de musulmans, étrangers ou italiens, décédés pendant l’épidémie. Les corps des musulmans originaires du Maroc, Albanie, Pakistan, Bangladesh, Égypte) n’ont pu être rapatriés au pays comme d’habitude en raison de la fermeture des espaces aériens. Par conséquent, la demande était plutôt forte au niveau des carrés musulmans. D’après le même quotidien, cette situation d’inconfort a provoqué parfois des situations dramatiques, avec des cadavres dans les morgues pendant des jours, en raison notamment du manque de cimetières islamiques prêts à les accueillir.
Le cas le plus dramatique qui a consterné les Italiens est celui de Hira Ibrahim. D’origine macédonienne, il a perdu sa mère, décédée du Covid-19 à Pisogne (nord), et s’est retrouvé obligé de conserver son corps à la maison pendant plus de dix jours. À l’instar de Hira, des dizaines d’autres familles musulmanes ont vécu la même situation. Selon Abdullah Tchina, imam de la mosquée de Milan-Sesto, un musulman, décédé la semaine dernière dans la localité a été transporté à 50 km avant d’être inhumé. “Si certaines familles, à Brescia ou Bergame (nord), ont dû parfois attendre très longtemps, nous avons pu la plupart du temps trouver des solutions, grâce aux bonnes volontés des communes, des préfectures et du ministère de l’Intérieur”, soutient le président du Centre islamique de Milan.