La crise Maroc-Algérie menace la fourniture de gaz en Espagne
L’Algérie reste le premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, avec 50 % d’importation à fin juillet 2021. Mais cette hégémonie algérienne serait menacée par les tensions...
Les tensions entre le Maroc et l’Algérie continuent de susciter des commentaires. Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine du Maghreb à l’université Paris I estime que le Maghreb est le grand perdant de cette crise.
« Le Maghreb est le grand perdant de cette histoire : il devient progressivement une coquille vide, a déclaré Pierre Vermeren dans une interview accordée à France 24. Il fait observer que l’Algérie pousse de plus en plus le Maroc à renoncer au Maghreb et à trouver des solutions plus loin : en Afrique, en Russie, en Chine et au Moyen-Orient. « Aujourd’hui, Rabat semble avoir complètement abandonné l’idée d’une politique régionale pour se tourner vers l’international et c’est vraiment dommage pour l’équilibre de la région », analyse le professeur d’histoire contemporaine du Maghreb.
À lire : Algérie-Maroc : « un conflit de basse intensité est tout à fait probable »
S’agissant des réactions internationales, il fait remarquer que la communauté internationale reste, pour l’instant, majoritairement mutique. « Israël a réagi pour apporter son soutien au Maroc, mais les partenaires directs des deux pays ne se sont pas exprimés. Pour la France, c’est très compliqué. Le Maghreb est la zone où elle est la plus influente en dehors de l’Europe, et là, elle voit la région se fracturer sous ses yeux », commente Pierre Vermeren. Selon lui, la France est dans l’impasse. « Elle est obligée de constamment composer avec les deux puissances, car elle ne peut pas se permettre de se brouiller avec l’une ou l’autre », dit-il.
À lire : Maroc-Algérie : les dégâts collatéraux de la rupture des relations (vidéo)
Le spécialiste explique en outre qu’une confrontation militaire n’arrangerait personne. « Les deux pays n’ont pas pris directement les armes l’un contre l’autre depuis 1963. Si la situation continue à s’envenimer, c’est quelque chose qui pourrait arriver, mais cela serait tragique. Et surtout, personne ne veut en arriver là. Cela ne servirait ni les intérêts d’Alger, ni ceux de Rabat, ni ceux de leurs partenaires économiques. Cela dit, des rumeurs circulent sur des incidents frontaliers, toujours possibles, que ce soit près de Figuig ou au Sahara », ajoute-t-il.
Aller plus loin
L’Algérie reste le premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, avec 50 % d’importation à fin juillet 2021. Mais cette hégémonie algérienne serait menacée par les tensions...
La rupture définitive des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc ne sera pas sans conséquence sur une partie de l’Afrique. Moussaab Hammoudi, chercheur en sciences...
Soulaimane Cheikh Hamdi, expert mauritanien en sécurité internationale, spécialiste du Sahel, également chercheur en géopolitique et politiques de défense estime qu’un conflit...
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réagi à la fermeture par l’Algérie de son espace aérien au Maroc. Il appelle les deux pays à engager un dialogue positif pour...
Ces articles devraient vous intéresser :