L’ambassadeur d’Algérie a quitté le Maroc
Les tensions entre l’Algérie et le Maroc ne sont pas près de baisser. Alger vient de décider de mettre fin aux fonctions de son ambassadeur à Rabat, Abdelhamid Abdaoui.
La crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie a de graves répercussions sur les transactions commerciales entre les deux pays voisins, mettant ainsi à mal l’intégration régionale.
Le durcissement de la crise entre Rabat et Alger n’est pas sans conséquence. Le plus grand secteur touché reste celui des affaires, en raison des liens séculaires et commerciaux qui lient les deux pays. La rupture des relations diplomatiques en août par l’Algérie, suivie de la fermeture de l’espace aérien aux avions marocains, ont envenimé les relations qui étaient déjà délicates, analyse le journal Le Monde.
De plus, l’Algérie dans sa politique d’exclusion, a affiché sa volonté de rompre le contrat lié au gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui relie depuis 1996 les gisements algériens à l’Europe via le Maroc et qui arrive à expiration fin octobre. Autant d’éléments qui font dire au journal que les espoirs d’une coopération économique régionale sont de plus en plus ruinés.
A lire : Maroc-Algérie : les dégâts collatéraux de la rupture des relations (vidéo)
Parallèlement, cette situation semble ne pas émouvoir Rabat. Les spécialistes marocains ont indiqué que le Maroc anticipe et s’adapte aux décisions d’Alger. Le journal cite par exemple l’économiste Larabi Jaidi qui affirme que « contrairement aux attentes de l’Algérie, la rupture du contrat de gaz ne soulève pas de contrainte insurmontable pour le Maroc. Le pays agit depuis des années pour diversifier sa politique énergétique, accéder à des sources alternatives pour alimenter ses centrales hydrauliques. Le manque à gagner en ressources de taxes de transit est insignifiant pour les finances publiques ».
Même son de cloche chez le patron d’une grande entreprise exportatrice marocaine qui a précisé que « le marché algérien ne représente rien pour les entreprises marocaines qui ont trouvé des partenaires ailleurs. Même si Alger mettait ses menaces à exécution et stoppait ses importations et ses contrats avec le Maroc, l’économie du pays ne serait pas affectée ».
Des échanges en baisse bien avant la crise
Évoquant le volume des transactions commerciales entre les deux pays depuis quelques années, le journal a fait observer que l’instabilité née de la fermeture des frontières terrestres et maritimes en 1994, décidée après l’attentat de Marrakech et les récentes tensions liées au conflit du Sahara occidental, avaient plombé le business entre les deux pays.
En 2020, l’Office des changes marocain avait publié que seulement 1 % des exportations du Maroc se faisait avec son voisin. Un taux dérisoire comparé à celui de 2016, où l’Algérie était encore le premier partenaire commercial du Maroc en Afrique. Une position reprise depuis par l’Égypte et la Côte d’Ivoire.
L’intégration régionale mise en mal
Alors que le Maghreb est confronté aux défis liés au chômage, à l’eau et surtout aux dégâts causés par le Covid-19, le Maroc et l’Algérie entretiennent une lutte préjudiciable à la jeunesse et à l’économie régionale. En témoigne le rapport prospectif de la Banque mondiale, publié en 2010, qui a révélé que l’intégration économique du Maghreb aurait pu augmenter le PIB par habitant, entre 2005 et 2015, de 34 % pour l’Algérie, de 27 % pour le Maroc et de 24 % pour la Tunisie.
Même constat au niveau de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies qui indiqué qu’une union du Maghreb aurait fait gagner aux cinq pays de la région (incluant la Libye et la Mauritanie) l’équivalent de 5 % de leurs PIB cumulés, souligne le journal.
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