Fin du gazoduc Maghreb-Europe : un gain géopolitique « nul » pour l’Algérie

1er novembre 2021 - 13h20 - Espagne - Ecrit par : P. A

Le non-renouvellement du gazoduc Maghreb-Europe traversant le Maroc pour desservir l’Espagne, n’est d’aucun intérêt pour l’Algérie du point de vue géopolitique, analyse le Journal du dimanche (JDD).

« Les Espagnols vont-ils pouvoir se chauffer cet hiver sans avoir à payer davantage ? Pas sûr. Comme annoncé au mois d’août, l’Algérie a mis fin dimanche à l’approvisionnement du gazoduc Maghreb-Europe. Inauguré en 1996 et opéré par le géant national Sonatrach, il acheminait chaque année 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel vers l’Espagne et le Portugal en passant par le Maroc », développe le JDD dans un article titré « Fermeture du gazoduc Maghreb-Europe : pourquoi l’Algérie imite la Russie dans la guerre du gaz ».

Pour le journal, ce non-renouvellement du GME par l’Algérie n’a d’autre objectif que de « punir » le Maroc avec lequel il a rompu en août les relations diplomatiques, car le péage dont bénéficiait le royaume « lui rapportait jusqu’à 200 millions d’euros par an », explique le journal, rappelant le « soutien constant de l’Algérie à « l’autodétermination du peuple sahraoui » au Sahara occidental » et les accusations algériennes selon lesquelles le Maroc serait derrière la révolte populaire du Hirak et aurait soutenu les « terroristes » des forêts de Kabylie.

À lire : Gazoduc : l’Algérie ferme le robinet au Maroc

« Le gain géopolitique de cette nouvelle initiative est nul mais les autorités algériennes s’en moquent, car la hausse des prix du gaz et du pétrole leur donne une marge de manœuvre… », fait observer Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). Depuis quelques années, le Maroc « a pris l’ascendant » dans la crise avec l’Algérie, passant « d’une posture défensive à une diplomatie offensive en Afrique et en particulier au Sahel », analyse pour sa part Flavien Bourrat, ancien responsable du programme Maghreb à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM). Et d’ajouter : « Il est possible que l’Algérie imite la Russie dans son utilisation du gaz en tant que levier dans les conflits politiques, comme on l’a vu récemment avec l’Ukraine ou la Moldavie ».

De son côté, le Maroc négocie avec l’Espagne la possibilité d’importer du gaz via le même gazoduc. L’Espagne, elle, devrait se contenter de l’engagement des autorités algériennes de continuer à l’approvisionner en gaz via le gazoduc Medgaz et en multipliant les livraisons de gaz naturel liquéfié par méthaniers.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Algérie - Gaz

Aller plus loin

Gazoduc Maghreb-Europe : le Maroc va importer du gaz d’Espagne

Le Maroc étudie avec l’Espagne la possibilité d’acheminer du gaz via ses terminaux de gaz naturel liquéfié au cas où l’Algérie n’en renouvellerait pas le contrat de concession...

Gazoduc : l’Algérie ferme le robinet au Maroc

L’Algérie vient de mettre fin au suspense. Elle a décidé de ne pas renouveler le gazoduc Maghreb-Europe traversant le Maroc dont le contrat vient à expiration le 31 octobre,...

Contrat GME : l’Espagne était au courant depuis 3 ans de la décision de l’Algérie

L’Espagne à travers son plus grand groupe gazier Naturgy était au courant depuis 2018 de la décision du gouvernement algérien de rompre le contrat Gazoduc Maghreb-Europe avec le...

Fin du GME : le Maroc ne connaitra pas une crise énergétique selon un expert

Suite à la rupture du contrat du GME par les autorités algériennes, les experts ont rassuré que cette décision n’aura aucun impact sur la fourniture de l’électricité au Maroc.

Ces articles devraient vous intéresser :

Les Marocains paieront plus cher la bonbonne de gaz

Comme décidé par le gouvernement, le prix de la bonbonne de gaz va augmenter dès l’année prochaine. Celle-ci devrait se poursuivre les années suivantes.

Le Maroc branche tout le pays au gaz

Au Maroc, le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable entend hisser la part du gaz naturel à 30 % du mix énergétique d’ici 2030.

Importante découverte de gaz au Maroc

La société britannique Chariot Oil & Gas a récemment annoncé avoir fait une importante découverte de gaz naturel au Maroc, dans la licence « Loukos Onshore ».

Nouvelle découverte de gaz au Maroc

La compagnie britannique spécialisée dans l’énergie, Chariot Limited, a annoncé mercredi la découverte de gaz naturel sur le puits Anchois-3, situé au large des côtes marocaines.

Maroc : très (très) cher gaz

Les subventions pour le gaz butane coûtent chaque année plus de 15 milliards de dirhams à l’État marocain, a indiqué en début de semaine Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget.

Maroc : une hausse imminente du prix de la bouteille de gaz

Le gouvernement marocain s’apprête à mettre en œuvre une augmentation significative du prix de la bonbonne de gaz butane. Prévue pour mai ou juin 2025, cette hausse de dix dirhams marque une nouvelle étape dans la suppression progressive des...

Le rêve gazier du Maroc s’éloigne

La densité des forages réalisés au Maroc a atteint seulement quatre puits pour 10 000 kilomètres carrés, comparativement à la moyenne mondiale de 1 000 puits pour la même superficie. C’est ce que révèle un rapport annuel du Cour des Comptes.

Le Maroc attire les géants du gaz naturel

Riche en gaz naturel, le sous-sol marocain ne cesse d’attirer les sociétés internationales spécialisées en prospection pétrolière et gazière.

Le Maroc en route vers l’indépendance énergétique

Le Maroc s’active pour la mise en œuvre du gazoduc transatlantique avec le Nigeria. La réalisation de ce mégaprojet, ajoutée à l’exploitation de gisements potentiels de gaz dont dispose le royaume, devraient lui permettre d’atteindre l’autosuffisance...

Gazoducs, regazéification et hydrogène vert : les paris du Maroc

Le Maroc travaille à développer les énergies renouvelables pour garantir son indépendance énergétique. Les autorités du royaume ont prévu un plan ambitieux de construction d’oléoducs et de gazoducs pour atteindre cet objectif d’ici 2030.