
Interdiction du burkini : revers pour des maires français
Le tribunal administratif de Nice a donné raison à la Ligue des droits de l’Homme (LDH) qui a contesté deux arrêtés municipaux interdisant le port du burkini pendant l’été 2025.
Face à la « récurrence de cas d’interdiction visant des femmes marocaines empêchées d’accéder à certaines piscines et infrastructures hôtelières sur le territoire national en raison du port du voile ou du maillot de bain dit “burkini” », une association a déposé une plainte auprès du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH).
« Cette plainte s’appuie sur des données médiatiques et des témoignages de terrain, ainsi que sur les propos confirmés par la députée Nadia El Kansouri dans sa question écrite adressée à la ministre du Tourisme, au sujet de ces pratiques que le centre considère comme une violation flagrante des libertés constitutionnelles et une atteinte aux principes d’égalité et de non-discrimination stipulés aux articles 6 et 19 de la Constitution marocaine », explique-t-on.
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Aux yeux de l’organisme de défense des droits, ces comportements portent atteinte à l’essence même de la liberté vestimentaire et de croyance, et constituent une discrimination manifeste envers la femme marocaine du fait de ses choix religieux. « La Constitution marocaine affirme, dans son préambule, la lutte contre toutes les formes de discrimination, et fonde la vie publique sur les constantes de la nation marocaine, au premier rang desquelles figure l’islam tolérant », rappelle-t-il, faisant savoir que « les interdictions ont souvent lieu dans l’enceinte même de la piscine, et non à l’entrée de l’hôtel, ce qui peut entraîner des interventions physiques déplacées de la part des employés, pouvant s’apparenter à des actes de harcèlement sexuel et d’atteinte à l’intimité corporelle ».
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Inquiet face à la répétition de ces pratiques dans plusieurs établissements hôteliers », l’organisme appelle à « l’ouverture d’une enquête urgente pour évaluer l’ampleur des violations, et à tenir juridiquement responsables les établissements impliqués dans cette exclusion fondée sur la tenue vestimentaire ». Il précise que « les justifications avancées, selon lesquelles le “burkini” représenterait un danger sanitaire ou un vecteur de contamination, ne reposent sur aucun rapport scientifique fiable, d’autant plus que la majorité des hommes portent des shorts de bain longs fabriqués dans les mêmes matières sans être inquiétés ».
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Pour le centre, « la controverse autour du “burkini” révèle une crise plus profonde liée à la question de savoir qui détient le droit de définir les critères d’“acceptabilité” dans l’espace public, et d’imposer un modèle culturel uniforme qui ignore la diversité de la société marocaine, où vivent des femmes voilées et non voilées au sein d’un même système de valeurs ». L’organisme appelle à « l’élaboration d’un code de conduite national contraignant pour le secteur touristique et hôtelier, stipulant le respect de la Constitution, et garantissant à tous les citoyens et citoyennes l’accès aux services touristiques sans discrimination fondée sur la tenue vestimentaire, les convictions ou les origines culturelles ».
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Il demande aux institutions de l’État concernées d’« intervenir immédiatement afin de garantir le respect des droits et libertés fondamentales dans tous les établissements publics et privés, dans le respect de la dignité du citoyen marocain et de ses spécificités culturelles et religieuses ».
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