Enseignants accusés d’islamophobie à Grenoble : des étudiants seront sanctionnés

10 mai 2021 - 08h00 - France - Ecrit par : S.A

La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal appelle à sanctionner les étudiants qui ont accusé deux professeurs de l’Institut d’études politiques (IEP) d’islamophobie. Le rapport qu’elle avait commandé sur cette affaire indique que les enseignants ont été diffamés.

« Les étudiants impliqués, en diffamant leurs professeurs sur les réseaux sociaux, en portant atteinte à leur honneur et par conséquent à la réputation de l’IEP, se sont comportés de façon inadmissible. Ils devront être sanctionnés », a déclaré Frédérique Vidal dans un entretien au journal Le Figaro. Des étudiants avaient collé des affiches accusant d’islamophobie, Klaus K., professeur d’allemand à l’IEP de Grenoble depuis 25 ans et Vincent T., maître de conférences en sciences politiques. Les affiches ont été collées à l’entrée de l’Institut d’études politiques (IEP) le 4 mars dernier. Le parquet de Grenoble avait alors ouvert une enquête « pour injure publique envers un particulier par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique […], et dégradation ou détérioration légère de bien et destiné à l’utilité ou la décoration publique par inscription, signe ou dessin ».

Le syndicat étudiant de l’Unef avait soutenu cette action qui avait soulevé de vives polémiques. La directrice de l’IEP, Sabine Saurugger avait « condamné très clairement » les affiches. Aussi, avait-elle noté que l’un des professeurs avait tenu des propos « extrêmement problématiques » sur l’islam. « Je ne nie pas que mon cours comporte une approche critique de l’islamisme. […] Mais le problème n’est pas dans les problèmes de définition : il est dans l’usage des étiquettes qui, aujourd’hui, on le sait, peuvent tuer », avait expliqué à Marianne Vincent T., maître de conférences en sciences politique.

« Tous les acteurs de cette affaire ont commis des erreurs d’appréciation, des maladresses, des manquements et fautes plus ou moins graves », a indiqué le rapport de l’inspection de l’Éducation nationale. Condamnant ces propos diffamatoires, la ministre a précisé qu’« aucun témoignage (n’avait permis) d’accréditer les rumeurs d’islamophobie ». L’inspection dénonce pour sa part le « manque d’intérêt marqué » des étudiants pour le respect de la vie privée ou la présomption d’innocence et l’« attitude surprenante » de jeunes « déjà bien avancés dans un cursus de sciences politiques ». Elle appelle l’IEP à prendre « sans tarder des mesures fermes » pour les sanctionner.

« Il nous faut réfléchir à une éducation aux règles minimales du droit sur les réseaux sociaux, peut-être pour tous les étudiants », a suggéré la ministre.

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