L’Espagne s’inquiète de l’« invasion » des produits marocains

24 février 2025 - 10h00 - Espagne - Ecrit par : P. A

Les exportations marocaines de fruits et légumes vers l’Espagne ont augmenté de 120 % et de 40 % vers le reste de l’UE au cours de la dernière décennie. Une « invasion » de produits marocains dénoncée par la Fédération espagnole des associations de producteurs exportateurs de fruits et légumes (Fepex), qui invite l’Union européenne à défendre les producteurs européens.

Dans un récent rapport, la Fepex prévient que la hausse continue des exportations de fruits et légumes marocains « aggravera la situation déjà critique du secteur agricole espagnol et européen ». Le président de l’association, Cecilio Peregrín, soutient que les fruits et légumes marocains menacent la production espagnole, déplorant l’inaction de la Commission européenne qui n’applique pas les mesures de contrôle prévues dans l’accord d’association avec le Maroc.

L’évolution des importations espagnoles de fruits et légumes en provenance du Maroc « suit une tendance croissante, notamment pour certains produits sensibles pour certaines régions productrices, en raison de leur contribution à leur économie, à l’emploi et à l’orientation des exportations », note la Fepex, indiquant que les importations espagnoles de fruits et légumes marocains sont passées de 177 095 tonnes en 2013 à 540 149 tonnes en 2022.

À lire : Concurrencés par le Maroc, les agriculteurs espagnols appellent à l’aide

L’Espagne importe cinq produits marocains, dont les tomates, les poivrons, les avocats et les pastèques, qui représentent 89 % du total des importations de la péninsule ibérique. Cette situation est due à la disponibilité de la main-d’œuvre à moindre coût au Maroc pour la production de fruits et légumes, ainsi qu’à l’utilisation par les producteurs marocains de pesticides interdits dans l’UE, explique la Fepex.

La Fepex dénonce une concurrence déloyale du Maroc, estimant que les conditions de production de fruits et légumes dans le royaume, du point de vue agronomique, social et environnemental, ne sont pas conformes à la réglementation de l’UE. L’association met aussi en avant « l’appui décisif » dont bénéficie le Maroc de la part de l’UE qui le considère « comme un partenaire stratégique ». C’est pourquoi elle exhorte Bruxelles à prendre des mesures concrètes pour défendre ses « propres producteurs » et à rétablir une « concurrence équitable ».

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