En France, on constate une "maltraitance administrative" des étrangers

19 mars 2025 - 13h00 - France - Ecrit par : S.A

Les associations défendant la cause des migrants sont mécontentes de la préfecture de Rouen. À l’origine de cette colère, les obstacles administratifs opposés aux sans-papiers qui réclament des titres de séjour.

Les associations défendant la cause des migrants sont en colère. Environ 70 militants et une dizaine de mineurs isolés ont manifesté vendredi 14 mars 2025 devant la préfecture de Rouen pour protester contre les obstacles administratifs opposés aux sans-papiers qui réclament des titres de séjour, rapporte Paris-Normandie. « On constate une maltraitance administrative des étrangers et on veut la dénoncer », déplore une responsable de RESF Rouen.

Selon les associations présentes, membres des États généraux de la migration, « les files d’attente physiques ont été remplacées par des files d’attente numériques », qui sont aussi lentes (voire davantage) et génératrices de sans-papiers. « Les personnes qui demandent un titre de séjour doivent attendre des rendez-vous qui au mieux surviennent 6 mois après leur demande, au pire 24 mois, avec des pertes de droits, des emplois qui ne sont plus possibles », précisent les associations.

Selon leurs explications, les étrangers éligibles à un titre de séjour sont soumis à un tel parcours du combattant administratif qu’ils perdent souvent leurs droits et sont frappés d’OQTF en raison de délais qu’ils ne parviennent pas à respecter vu la complexité de la procédure.

À lire :France : cette préfecture est une « fabrique de sans-papiers »

Le problème est réel. « On accompagne les personnes pour des raisons médicales, détaille Franky, de l’association AIDES. Ces délais aggravent leurs pathologies, avec des délais de prise en charge beaucoup trop longs. La précarité, c’est le nid des épidémies ». « On vit nous aussi la maltraitance des jeunes migrants », déplore une représentante de la mission locale de Rouen.

Les mineurs isolés, rassemblés derrière leur banderole, crient leur détresse. Ils réclament l’arrêt des tests osseux pour déterminer leur âge, l’accès gratuit aux transports en commun et la fermeture des centres de rétention administrative. « Nous avons tous fui nos propres pays mais sommes ici mis à l’écart. Nous sommes en précarité et cela nous met en danger », déclarent quelques mineurs isolés.

Les associations et personnes sans papiers fustigent la loi Darmanin et la directive Retailleau qui restreignent le droit des étrangers à obtenir des titres de séjour.

À lire :Mauvaise nouvelle pour les sans-papiers en France

Approchée, la préfecture de Rouen explique : « Une délégation a été reçue en préfecture en fin de matinée. Outre quelques cas particuliers, il a été rappelé à cette occasion que les délais de traitement des demandes de titres de séjours sont conformes à ceux prévus par la réglementation. Dans les cas particuliers qui exigent un temps d’instruction plus long, les usagers ont la possibilité de solliciter la délivrance d’une Attestation de Prolongation d’Instruction qui permet aux personnes de conserver leurs droits. Enfin, les usagers ne disposant pas d’outils numériques peuvent prendre rendez-vous auprès du PAN (point d’accès numérique) en préfecture. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Administration - Rouen

Aller plus loin

La France maltraite ses étrangers

Rassemblés à proximité de la cité administrative d’Evry-Courcouronnes, associations, syndicats du collectif Exilés 91 et lycéens ont dénoncé « les conditions d’accueil indignes...

Encore plus difficile d’obtenir des titres de séjour en France

Depuis l’entrée en vigueur en janvier dernier de la circulaire Retailleau, l’obtention ou le renouvellement des titres de séjour en France relèvent d’un véritable parcours du...

Il sera plus difficile d’obtenir la nationaité française

Après avoir révisé en janvier la circulaire Valls sur les conditions de régularisations des étrangers sans papiers en France, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, durcit...

Allocations familiales en France : des étrangers en règle exclus

Les étrangers détenteurs de titres de séjour en France pourraient ne plus avoir droit à certaines prestations sociales. Le Sénat vient d’adopter la proposition de loi initiée...

Ces articles devraient vous intéresser :

Des voitures de luxe acquises par le ministère de la Transition numérique ?

Ghita Mezzour, ministre déléguée en charge de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, a démenti l’acquisition d’une voiture de luxe pour 2,48 millions de dirhams et d’une autre pour 1,27 MDH.

Trop d’impôts au Maroc ?

Au Maroc, alors que la pression fiscale est excessive, les citoyens et les entreprises ne perçoivent pas toujours les effets concrets des prélèvements d’impôts dans l’amélioration des services publics et des infrastructures.

Le Maroc s’oriente vers une administration sans papier avec une nouvelle plateforme numérique

Le ministère délégué chargé de la Transition numérique entend développer une plateforme dénommée « le compte numérique de l’usager » pour améliorer la qualité des services de l’administration aux usagers.

Une Marocaine "perd" son nom en Belgique

Depuis 2019, une Belgo-Marocaine de 73 ans mène des démarches administratives infernales afin de faire rectifier son nom de famille.

Maroc : des notes trop gonflées dans les écoles privées ?

Au Maroc, le phénomène des « notes gonflées » continue de sévir dans des écoles privées. C’est du moins le constat fait suite à la fuite de certains relevés de note sur les réseaux sociaux après la publication des résultats du BAC 2024.

Cessions d’entreprises au Maroc : le fisc renforce son contrôle

La prolifération de cessions d’entreprises douteuses éveille les soupçons des services de contrôle central de la Direction générale des Impôts (DGI).

Maroc : la retraite à 65 ans ?

Alors que les députés de l’opposition rejettent le projet du gouvernement d’Aziz Akhannouch de porter l’âge de la retraite à 65 ans, Younes Sekkouri, le ministre de l’Intégration économique, de la Microentreprise, de l’Emploi et des Compétences, dément...

Marocains, le temps presse pour la déclaration des avoirs à l’étranger

La régularisation des contribuables, ainsi que la déclaration des avoirs liquides détenus à l’étranger, touchent à sa fin. Ces deux opérations avaient été lancées par l’Office des changes et de la Direction générale des Impôts (DGI).

Alerte au miel « aphrodisiaque » en vente au Maroc

Du « miel aphrodisiaque » ou du « miel de virilité » inonde le marché marocain et inquiète le Syndicat des professionnels de l’apiculture au Maroc.

Maroc : révision de l’impôt sur le revenu

Le gouvernement marocain, via son porte-parole Mustapha Baitas, a annoncé une révision de l’Impôt sur le revenu (IR) avec pour objectif d’augmenter les revenus des employés et fonctionnaires.