Le ministère a donné son feu vert à l’enquête "Intégration des secondes générations en Europe" que l’Ined réalisera dans plusieurs villes européennes, dont Paris et Strasbourg. Caractéristiques socio-démographiques, situation familiale et professionnelle, conditions de logement, sociabilité, revenus, pratiques linguistiques et culturelles, éventuels cas de discriminations ou bien encore rapports à la religion : tous ces critères feront l’objet d’un questionnaire.
Dans chacune des villes seront désignés de manière aléatoire 500 personnes nées en France dont au moins un parent est né en Turquie ou au Maroc et 250 individus dont les deux parents sont nés en France. La sélection s’effectuera dans l’annuaire téléphonique, des linguistes analysant la consonance des noms et prénoms.
Approbation de la Cnil
Après publication de la décision dimanche dans le Journal officiel, il ne manquait plus que l’autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, qui faisant valoir son "intérêt public", a approuvé l’enquête qui délivrera selon elle des données statistiques utiles à la mise en œuvre de politiques d’intégration. L’arrêté du JO précise que "l’Ined et ses partenaires sont seuls destinataires des informations recueillies". Pourtant, l’article 8 de la loi informatique et Libertés (6 janvier 1978) interdit "de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques"...
Pour SOS Racisme, ce type de fichiers "n’a jamais servi à combattre la discrimination raciale mais toujours à l’amplifier". Le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) fait part de "son inquiétude et sa plus grande réserve". Des démographes, comme Patrick Simon, de l’Ined, ou le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy se sont en revanche prononcés en faveur d’un "comptage ethnique", affirmant vouloir ainsi lutter contre les discriminations.
Anne-Laure Pham - L’Express