Le procès des attentats du 13 novembre est l’un des plus longs de l’histoire judiciaire en France, obligeant les rescapés, les familles des victimes à revivre ce moment effroyable. La perpétuité incompressible requise à l’encontre de Salah Abdeslam par les avocats généraux, priverait, si elle est prononcée, toute possibilité d’obtenir un aménagement de peine et donc une libération. En France, ce genre de peine n’a été requis et prononcé que quatre fois. Mais dans le box des accusés, se trouve un accusé hors du commun. « On ne peut que constater que malgré ses larmes, pétri d’idéologie, il s’est montré incapable de formuler des remords », a estimé l’avocate générale Camille Hennetier.
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La cour d’assises spéciale qui est composée de magistrats professionnels, n’est pas tenue de suivre ces réquisitions. Même si les trois représentants du Parquet national antiterroriste (Pnat), Camille Hennetier, Nicolas Braconnay et Nicolas Le Bris, ont fait en sorte de marquer les esprits en exposant la genèse des motivations meurtrières aux ultimes attaques. Vendredi après-midi, la réquisition s’est attardée sur les attaques aux abords du Stade de France, sur les terrasses parisiennes et au Bataclan qui ont fait 130 morts et 350 blessés. « Quasi simultanément, les lions vont entrer dans Paris et Saint-Denis », relate Nicolas Le Bris. « Ceux qui ont commis ces crimes abjects ne sont rien d’autres que des vulgaires terroristes, des criminels », rapporte France 24
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Dans son réquisitoire, Nicolas Le Bris a également évoqué, avec une certaine émotion, la salle de concert ciblée par les terroristes. « Toutes les personnes qui s’y trouvaient au moment de l’arrivée des jihadistes doivent être considérées comme des otages de ces derniers ». Il parlera ensuite de ces nombreuses victimes qui ont défilé à la barre pour donner leurs témoignages. « Avant d’entendre ces récits, mes collègues et moi-même n’avions pas encore pris conscience de toutes douleurs ».
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Tour à tour, les avocats ont évoqué l’obligation pour le tribunal de libérer les victimes encore de ce monde et leurs familles en prononçant une juste peine, à la taille de l’horreur commise. Pour eux, les accusés n’ont « pas grandi dans la misère, ni dans l’opulence ». Ils ont au contraire « quasiment tous bénéficié d’une enfance qu’ils qualifient d’heureuse, ou sans histoires ». C’est la raison pour laquelle, « la prison est la seule réponse sociale acceptable pour protéger la société », assure l’avocate générale Camille Hennetier.