Au lendemain d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui place le plan d’autonomie marocain au centre du processus de négociation, la réaction du Front Polisario a été celle de la déception et de la défiance. Le mouvement a affirmé qu’il ne participerait à aucune discussion basée sur des initiatives qui « légitiment l’occupation du Sahara occidental ».
Dans un entretien accordé à RTVE depuis les camps de Tindouf, le « chef du gouvernement » du Polisario, Buchraya Hamudi Beyoun, a rejeté la nouvelle orientation diplomatique. Il a affirmé que si son mouvement était prêt à négocier « ce qui est présenté », ce ne serait qu’« à condition que cela soit accepté par le peuple sahraoui ». Il a résumé la position du Polisario par une formule claire : « Entre être Marocains ou résister, nous résisterons ».
Concernant l’abstention de la Russie et de la Chine, M. Beyoun a estimé qu’elle signalait leur désaccord avec une « imposition de la volonté des États-Unis », accordant une importance particulière à l’absence de l’Algérie lors du vote, l’interprétant comme un geste fort. « L’Algérie n’a pas de droit de veto, mais c’est en réalité un véritable veto », a-t-il déclaré, ajoutant que cela signifiait qu’il ne fallait pas s’attendre à une coopération d’Alger « pour imposer une solution contraire au respect du droit international ».
Une résolution jugée insuffisante mais pas une défaite totale
Malgré sa déception, le représentant du Polisario a nuancé la portée de la résolution. Il a souligné que le texte avait évolué par rapport aux versions initiales grâce à la pression de certains membres du Conseil, et qu’il rappelait que la solution devait être « acceptée par les deux parties » et respecter le « droit à l’autodétermination ». « La résolution ne stipule pas que le peuple sahraoui doit accepter l’autonomie. En aucun cas », a-t-il insisté.
Il a reproché au Maroc de refuser tout débat qui n’aboutirait pas à ses propres objectifs et a critiqué les puissances occidentales. « Nous nous demandons pourquoi l’Occident […] craint que le peuple sahraoui puisse décider par les urnes ? », a-t-il lancé.
Interrogé sur l’avenir, M. Beyoun a exclu une défaite militaire malgré la supériorité du Maroc, soutenue selon lui par la France, Israël et les États-Unis. Il a rappelé que cinquante ans de conflit avaient prouvé que le Maroc « ne peut ni nous vaincre ni nous convaincre », affirmant que la résistance se poursuivrait, car c’est une chose dans laquelle son peuple s’est « spécialisé ».