Les associations de protection des consommateurs s’alarment de la prolifération de pratiques illégales consistant à commercialiser une huile d’olive suspecte, stockée dans des conditions non hygiéniques chaque année.
Aux yeux d’Ahmed Bayoud, président fondateur de l’association « Avec les consommateurs », il s’avère urgent de mettre en œuvre un contrôle strict sur les huileries d’olives dans les différentes régions du royaume, afin de garantir la qualité de l’huile d’olive et de protéger le consommateur des pratiques frauduleuses qui se répètent au début de chaque saison de récolte et de pressage. « Ce secteur vital, considéré comme l’un des piliers de l’économie agricole nationale, a besoin d’une gouvernance claire et d’une surveillance effective qui consolident la confiance dans le produit local et préservent la réputation de l’huile d’olive marocaine sur les marchés nationaux », explique-t-il à Hespress.
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Bayoud propose de « recenser toutes les huileries traditionnelles et de les accompagner en établissant une base de données périodique permettant aux autorités concernées de suivre les opérations de production et de vérifier la provenance des olives et la qualité des huiles extraites ». Il explique que le suivi du parcours de l’huile, de l’arbre à la bouteille, constitue une étape essentielle pour limiter la fraude, notamment face à des cas de mélange de l’huile d’olive avec des huiles de moindre qualité ou à l’utilisation de substances non conformes aux normes sanitaires.
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Il est également nécessaire de « suivre les déchets résultant du processus de pressage des olives et de s’assurer qu’ils sont éliminés conformément aux conditions et aux réglementations environnementales en vigueur, afin d’éviter la pollution des sols et des nappes phréatiques, et d’empêcher leur utilisation suspecte dans la production d’huiles frelatées ou impropres à la consommation », ajoute-t-il, appelant à « une coopération étroite entre les autorités locales, les services environnementaux et les associations civiles pour organiser des campagnes de contrôle et de sensibilisation alliant dissuasion et information ».
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Le vice-président de la Fédération marocaine pour la protection du consommateur, renchérit : « il existe de mauvaises pratiques qui commencent à émerger concernant le mélange de l’huile de table avec l’huile d’olive, un phénomène qui constitue un danger direct pour la santé du consommateur et porte gravement atteinte à la confiance des citoyens dans le produit national ». Pour lui, le rôle du contrôle préventif est nécessaire et essentiel à cette étape, mais la responsabilité ne peut pas incomber uniquement aux autorités. Il explique que le consommateur porte lui aussi une part de responsabilité lorsqu’il achète de l’huile devant une mosquée, sur le bord de la route ou dans des lieux ne répondant pas aux conditions de contrôle et de qualité.
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« Avant le début de la saison de récolte des olives, il faut intensifier les campagnes de sensibilisation et les contrôles sur le terrain des huileries, en veillant à suivre la propreté des équipements utilisés pour l’extraction, le stockage et le broyage, car toute négligence à ce stade peut nuire à la qualité de l’huile », a-t-il suggéré, appelant à impliquer les différents intervenants dans ce processus. Il cite les autorités locales, les associations professionnelles, les fédérations de protection du consommateur et services du ministère de l’Agriculture. Il estime en outre qu’il est nécessaire que l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires s’ouvre également au contrôle des petites et moyennes huileries, dans le cadre de l’élargissement des prérogatives de cette institution et du renforcement de la confiance du consommateur dans le produit avant sa mise sur le marché.