Le Maroc ne doit pas condamner les homosexuels selon HRW

8 juillet 2014 - 18h12 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Les autorités marocaines doivent cesser de poursuivre des personnes en justice pour homosexualité. C’est en substance ce que vient de déclarer l’organisation Human Rights Watch (HRW), dans un communiqué hier, lundi. Cette déclaration fait suite à la condamnation en appel le 2 juillet dernier d’au moins six personnes pour « un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe », en vertu de l’article 489 du code pénal marocain.

Pour HRW, aucune condamnation ne devrait se faire au Maroc sur la base de l’orientation sexuelle des individus, d’autant plus que dans le cas de cette affaire, il est à craindre que le procès n’ait pas été équitable puisque les déclarations faites par les six hommes ont été signées sous la menace des policiers. De plus, aucun témoin n’a été appelé à la barre pour "examiner d’autres éléments de preuves".

Sarah Leah Whitson, directrice régionale de HRW, considère pour sa part que « les autorités marocaines devraient cesser de poursuivre en justice et d’emprisonner des personnes en raison de leur comportement dans l’intimité avec d’autres adultes consentants ». En d’autres termes, abroger l’article 489 du code pénal marocain, car celui-ci est contraire aux conventions internationales ratifiées par le Maroc, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que le Royaume a signé en 1979.

Le 12 mai dernier à Fqih Ben Salah, à 200 km de Rabat, les six hommes avaient été condamnés par le tribunal de première instance de la ville pour actes homosexuels, incitation à la prostitution, ainsi que pour ivresse et conduite en état d’ivresse. Des peines allant jusqu’à 3 ans de prison avaient été prononcées. En plus de ces condamnations, ils avaient été éloignés de la région au terme de l’article 504 du code pénal qui prévoit le bannissement.

En appel, lors du procès du 2 juillet dernier, les mesures de bannissement avaient été annulées contre les prévenus et les deux condamnations à la prison les plus longues réduites. D’autres condamnations à la prison ferme ont été commuées en sursis. Actuellement, deux des six prévenus condamnés à de la prison ferme, sont incarcérés à la prison rurale de Fqih Ben Salah.

Les textes :

Article 489 du code pénal marocain :

Est puni de l’emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 200 à 1000 dirhams, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave, quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe.

Article 504 du code pénal marocain

Dans tous les cas les coupables de délits prévus à la présente section peuvent, en outre, être frappés pour cinq ans au moins et dix ans au plus de l’interdiction d’un ou de plusieurs des droits mentionnés à l’article 40 et de l’interdiction de séjour. La tentative de ces délits est punie des mêmes peines que l’infraction consommée.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Human Rights Watch (HRW) - Prostitution Maroc - Homosexualité Maroc - Fqih Bensalah

Ces articles devraient vous intéresser :

« Comment sortir du monde ? », le premier roman poignant de Marouane Bakhti

« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.

Des ennuis judiciaires pour deux anciens ministres (15 milliards de DH en jeu)

L’Association marocaine de la protection des deniers publics vient de déposer une plainte devant la justice contre deux anciens ministres de la Jeunesse et des sports et d’autres responsables pour avoir dilapidé environ 15 milliards de dirhams.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...

« Deux hommes ou deux femmes ne peuvent pas décider de passer leur vie ensemble au Maroc »

Dans son film Le bleu du caftan, la cinéaste marocaine Maryam Touzani aborde plusieurs sujets notamment l’homosexualité au Maroc, où les homosexuels vivent souvent cachés, dans la peur d’être découverts, et parfois dans la honte.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Maroc : une série télévisée accusée de faire l’apologie de l’homosexualité

La série « 2 wjoh » (deux visages) aborde-t-elle l’homosexualité ? C’est en tout cas ce que semblent dénoncer de nombreux internautes sur les réseaux sociaux après la diffusion d’un extrait du teaser de la série qui sera diffusée tous les jours à 19h45...

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.