Sans background académique, Ibrahim Ouassari, un Marocain de 43 ans, a réussi à se frayer un chemin dans le digital. Co-fondateur de MolenGeek, marque présente dans huit villes européennes (en Belgique, aux Pays-Bas et en Italie) et depuis peu, en Afrique, à Casablanca, il rêve d’une école avec un espace de coworking, avec un Starbucks.
Ibrahim Ouassari fait partie de ceux qui, après avoir essuyé des échecs scolaires, finissent par trouver leur voie. Malgré les encouragements de son père décédé en 2020, il a quitté l’école à 13 ans, mais il n’a pas raté sa vie. À 16 ans, il décroche un job d’étudiant en tant qu’éducateur de rue. « Il fallait un diplôme. J’ai étudié et je l’ai obtenu. Mon premier ! On me payait pour accompagner mes amis au cinéma, à la mer. C’était génial, raconte-t-il à La Dernière Heure. À 19 ans, j’ai démissionné ». Il dit ne pas voir les étapes suivantes. Ni pour eux, ni pour lui. Après un bref passage à la Stib, il enchaîne quelques petits boulots en intérim dans les usines de Zellik et Vilvorde, avant d’atterrir dans une entreprise de câblage informatique. À cette époque, il n’y avait pas de wifi (les années 90).
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Un jour, un collègue, David, lui a expliqué que l’on pouvait écouter gratuitement de la musique sur internet. « Il fallait parfois attendre des heures pour télécharger un seul morceau. Il m’a dit : ’achète-toi un ordinateur, installe une connexion internet’. » C’étaient ses premiers pas en informatique. « Il était onze heures du soir quand j’ai terminé de configurer l’ordinateur avec le mode d’emploi de Belgacom. Mais des trucs ne fonctionnaient pas. Je n’osais pas appeler David. Google n’existait pas. J’ai été sur Yahoo et trouvé un forum de discussion sur le téléchargement. J’ai posé ma question avec mon anglais à dormir dehors. Un Japonais m’a répondu : ’try this’. J’ai essayé : cela fonctionnait ! », continue Ibrahim.
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Cette expérience était un déclic. « J’ai su à cet instant ce que je voulais faire dans ma vie. J’ai trouvé cela dingue que des gens qui ne se connaissent pas choisissent d’entraider d’autres personnes. Juste pour le plaisir ». Il quitte son job à la câblerie et s’inscrit à une formation en gestion pour devenir indépendant. « Supermotivé, je suis sorti premier de mon groupe. J’ai conçu des petits logos, des sites pour des snacks, des restaurants… Je suis devenu support et consultant informatique pour des entreprises. Et de fil en aiguille cela a bien marché : jusqu’à devenir responsable de plus de mille serveurs. J’ai engagé des gens, une vingtaine. » En 2011, il a envie de faire une autre expérience. Il lance des start up et co-fonde MolenGeek dont la mission principale est de rendre accessibles les technologies.
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Par la suite, Ibrahim eut l’idée de créer une école de codage. L’idée plait à Samsung, Google et à Alexander De Croo, alors ministre du Digital. L’école de codage vise à aider les personnes qui n’avaient pas les compétences techniques à lancer leur propre entreprise ou de les présenter à d’autres entreprises à travers une formation de six mois. L’école forme des adolescents mais aussi des adultes. Outre les connaissances, elle aide les jeunes à avoir confiance en eux, leur transmet des rudiments de développement personnel. Le succès est au rendez-vous. Aujourd’hui, Ibrahim rêve « d’une école avec un espace de coworking, avec un Starbucks ».