L’incroyable coup de pouce du Maroc face à la panne électrique espagnole

Quand l’Espagne s’est retrouvée plongée dans le noir lundi, l’aide est venue de la France, mais aussi, plus étonnamment, du Maroc. Le président espagnol Pedro Sánchez n’a pas manqué de remercier les deux voisins pour leur contribution via les interconnexions électriques. Mais que le Maroc, qui importe massivement son électricité depuis l’Espagne en temps normal, ait pu apporter sa pierre à l’édifice a suscité l’interrogation.

Au royaume, la nouvelle a été accueillie avec une certaine fierté, indique El Confidential. La presse a largement relayé les remerciements espagnols, insistant sur la capacité du réseau marocain à rester stable, contrairement à d’autres voisins européens, malgré la secousse. Un véritable exploit quand on sait qu’au moment du black-out, le Maroc tirait environ 12 % de ses besoins (778 MWh) de la ligne espagnole. L’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) a su gérer la coupure brutale avec succès. « Le réseau électrique marocain est opérationnel et n’a pas été affecté », a martelé un porte-parole de l’office.

Mais comment le Maroc a-t-il pu aider concrètement ? Il ne s’agissait pas de fournir massivement du courant, mais plutôt de donner l’indispensable “étincelle”. L’Espagne avait besoin d’une injection de puissance pour redémarrer des centrales thermiques cruciales dans le sud du pays, mises hors service par la panne. C’est là que l’interconnexion sous-marine unique entre les deux pays, via le détroit de Gibraltar, est entrée en jeu. « Nous avons rétabli les interconnexions et mis à disposition une certaine capacité de quelques centaines de mégawatts pour permettre la relance du système », a confirmé une source de l’ONEE à la presse marocaine.

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Cette prouesse technique s’explique en partie par la nature même de cette liaison. Contrairement aux connexions avec d’autres pays européens, souvent en courant alternatif nécessitant une synchronisation constante, le lien hispano-marocain est en courant continu. Selon l’expert Amine Bennouna, cela « garantit une quasi-totale indépendance » entre les deux réseaux, limitant drastiquement le risque de contagion de la panne. Le Maroc disposait aussi de ses propres capacités de réserve (diesel, gaz) pour assurer sa stabilité interne.

Si le réseau électrique marocain a tenu bon, le pays a tout de même subi des contrecoups de la panne espagnole. Les liaisons internet internationales transitant par l’Espagne ont été perturbées. Conséquence : pagaille dans les aéroports marocains où l’enregistrement des passagers a dû se faire « en mode manuel », comme l’a expliqué l’Office National des Aéroports (ONDA). L’opérateur Orange a également signalé des difficultés sur son réseau marocain.

Au final, malgré son statut habituel d’importateur net d’électricité depuis l’Espagne (plus de 2 500 gigawatts reçus en 2024), le Maroc a pu jouer un rôle technique essentiel et inattendu grâce à la configuration spécifique de son interconnexion avec son voisin du nord, contribuant à remettre l’Espagne sur pied.