Le plan d’expansion ferroviaire séduit les investisseurs qui sont prêts à financer les projets marocains. En témoigne la réussite par l’Office national des Chemins de fer (ONCF) d’une levée de fonds.
L’enquête réalisée par la Fondation Hassan II en 2004 sur les investissements des émigrés marocains est pleine d’enseignements. Malgré ses limites « scientifiques », elle apporte néanmoins quelques éléments intéressants pour les décideurs.
Des investigations et des recoupements auprès des banques font sortir entre 10 et 12 milliards de dirhams le montant que les MRE investissent tous les ans au Maroc. Cela représente près de 30% des fonds qu’ils transfèrent depuis leur pays de résidence. « Personne ne peut déterminer avec exactitude le volume des investissements réalisés par les MRE », concède Abdesselam El Ftouh, directeur du pôle de Promotion économique à la Fondation Hassan II.
D’après la même enquête, l’immobilier reste le principal choix, de 65 à 72% des investissements. Le reste se répartit entre les autres secteurs à raison de 70% pour les services et 30% pour l’agriculture, l’agroalimentaire et l’industrie.
L’effet 2ème et 3ème génération
Par rapport à l’enquête réalisée par un groupe d’étudiants de l’Insea (Institut national des statistiques et d’économie appliquée), la part de l’immobilier est en recul de 10 points. Si l’immobilier reste le placement numéro un pour les MRE, ils investissent de plus en plus dans l’industrie, agriculture, l’agroalimentaire et les services. « La deuxième et troisième génération de MRE ont acquis un niveau d’instruction et de formation leur permettant d’être plus aptes à réaliser des projets d’investissement innovants », explique Mustapha Barqouq Alami, directeur communication à l’Erac-Centre. De ce fait, les MRE réalisent un transfert de savoir-faire et de compétences bénéfique pour leur pays d’origine.
Le directeur du Centre régional d’investissement de Tanger fait le même raisonnement. « De plus en plus de jeunes MRE reviennent à Tanger avec des idées originales et mettent sur pied des projets novateurs, essentiellement dans l’animation, les centres de loisirs, le tourisme, dans une moindre mesure dans l’industrie et le commerce », indique-t-il.
D’après ce qu’a révélé l’enquête de la Fondation Hassan II, la deuxième et troisième génération de migrants vont de plus en plus vers le secteur tertiaire : commerce, restauration, tourisme, boulangerie, pâtisserie, blanchisserie et sous-traitance. « Les lauréats des grandes écoles, eux, optent d’entrée de jeu pour l’industrie, les nouvelles technologies, le conseil ou la santé.
Les MRE qui investissent au Maroc ne choisissent pas leur lieu d’implantation de façon fortuite. En fait, 8 à 9 cas sur dix, ils choisissent leur région d’origine ou la région où leur famille habitait avant le départ à l’étranger. Cela est valable pour les différents secteurs d’investissement. Néanmoins, les projets de haute technologie ainsi que ceux liés à l’enseignement, aux techniques de communication et publicité, s’installent dans les grandes villes, a relevé la même enquête. En tout état de cause, les MRE investissent au Maroc parce qu’ils aiment leur pays et lui sont très attachés sentimentalement. Ils ne demandent ni privilège, ni subvention ni facilités pour investir dans leur pays. Ce qu’ils veulent, ce sont de bonnes conditions d’information, de transparence dans les rapports avec les différents partenaires en matière d’investissement et de la célérité des intervenants dans ce domaine. Dans leur pays d’accueil, ils sont habitués au respect de la loi et à l’égalité des traitements. Une fois rentrés, ils n’imaginent pas un système de discrimination, fusse-t-elle positive.
Nadia BELKHAYAT - L’Economiste
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