L’écriture berbère interdite de cité à Nador

3 mai 2003 - 13h41 - Culture - Ecrit par :

La langue berbère Tamazight et son alphabet cunéïforme, le Tifinagh, "composantes essentielles de la culture marocaine", selon le roi Mohammed VI, seront introduits à titre expérimental dans quelque 300 écoles primaires du Maroc à la rentrée de septembre 2003.

Revendication ancienne des associations berbères, cette annonce, faite mardi par le ministre de l’Education nationale, Habib el Malki, de l’introduction du Tamazight dans l’enseignement fondamental des jeunes Marocains, intervient alors que les élus locaux de la ville de Nador (550 km au nord-est de Rabat) viennent de se voir rappeler à l’ordre par le gouvernement.

Le ministère de l’Intérieur a en effet invalidé une décision du conseil municipal de Nador autorisant la transcription en Tifinagh des panneaux de circulation et des noms de rue aux côtés de l’Arabe, unique langue officielle du royaume selon la Constitution.

Sur instruction du ministre de l’Intérieur, Mustapha Sahel, le conseil municipal a du faire arracher mercredi les quelques panneaux déjà libellés en Tifinagh.

"La question du Tamazight et du Tifinagh sont des questions d’intérêt national, le conseil municipal de Nador a outrepassé le champ de ses compétences", a expliqué à l’Associated Press une source autorisée marocaine.

"C’est une décision totalement arbitraire" déplore de son côté Hassan Belkacem, président de l’association berbériste "Tamaynut" (modernité) qui plaide pour la "reconnaissance du Tamazight comme langue officielle".

"Il y a une contradiction entre le discours du roi Mohammed VI, qui veut rétablir le Tamazight dans l’espace national, et la pratique du gouvernement inspirée par des réflexes d’arabisation systématique", a déclaré M. Belkacem à l’AP.

La question de la reconnaissance et de l’enseignement du Tamazight reste un sujet très sensible au Maroc, un pays de 30 millions d’habitants dont plus de la moitié est berbérophone.

Habitants originels de l’Afrique du Nord, les Berbères se sont convertis à l’Islam lors de l’arrivée des conquérants arabes au VIIIème siècle.

A la différence de l’Algérie voisine, elle-même agitée par les nombreux soubresauts identitaires des différents groupes berbères, dont les Kabyles, le Maroc s’est, jusqu’à maintenant, toujours refusé à autoriser l’usage du Tifinagh pour les inscriptions publiques.
AP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Nador - Amazigh - Tifinagh

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch franchit de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh, mais des efforts considérables restent à fournir pour que la langue retrouve sa place qui lui est échue.

Les Marocains libres de choisir le prénom de leurs enfants, sous certaines conditions

Les officiers marocains de l’état civil sont à présent dans l’obligation d’accepter temporairement les prénoms déclarés, y compris ceux en contradiction avec la loi, contrairement aux pratiques antérieures, selon un décret qui vient d’être publié.

Maroc : appel à déclarer férié le jour du Nouvel an amazigh

Quelque 45 ONG marocaines et de la diaspora demandent au roi Mohammed VI de déclarer férié le « Yennayer » ou Nouvel an amazigh, célébré le 13 janvier de chaque année.

Nouvel an amazigh au Maroc : ce sera le 14 janvier

La date du nouvel an Amazigh au Maroc est désormais connue. Elle vient d’être définie par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et ce sera le 14 janvier. Ce jour sera donc chômé et payé.

Maroc : l’Amazigh reconnue officiellement comme une langue de travail

Les autorités marocaines ont procédé mardi au lancement officiel des procédures qui vont permettre l’intégration de l’Amazigh dans les administrations publiques. La cérémonie a été présidée par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch.

La chanteuse Fatima Tabaamrant menacée par un salafiste

Alors qu’elle fait l’objet d’attaques verbales de la part d’un prédicateur salafiste, l’icône de l’art amazigh, Fatima Tabaamrant, ancienne députée RNI, vient de recevoir le soutien du parti d’Aziz Akhannouch.

Maroc : moins de français dans les administrations

Les Marocains souffrent de la prédominance de la langue française dans les transactions informatiques des administrations marocaines. Tel est le constat fait par le groupe parlementaire du Rassemblement national des Indépendants (RNI), qui appelle la...

Des erreurs sur les panneaux d’autoroutes marocaines

Le député Kamal Ait Mik, membre du groupe parlementaire du Rassemblement national des indépendants (RNI) à la Chambre des conseillers, a relevé des erreurs dans l’écriture des mots amazighs sur les panneaux de signalisation routière.

Le Groupe Barid Al-Maghrib promeut la langue amazighe

Le Groupe Barid Al-Maghrib entend intégrer la langue amazighe dans ses services. Dans ce sens, il a signé une convention de partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM).

Le Roi Mohammed VI instaure le Nouvel An Amazigh comme jour férié au Maroc

Le Nouvel An Amazigh sera désormais un jour férié officiel au Maroc, selon une décision qui vient d’être prise par le roi Mohammed VI.