La FIDH appelle le Maroc à interdire la torture

12 février 2004 - 19h32 - Monde - Ecrit par :

La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) appelle le Maroc à interdire la torture, dans un rapport parvenu à l’AFP jeudi qui détaille de nombreux abus dont ont été victimes des islamistes soupçonnés de terrorisme.

"L’opinion publique marocaine découvre que les méthodes d’interpellation et le phénomène de la détention arbitraire qu’elle croyait quasi révolues ont fait leur réapparition", affirme le rapport de la FIDH intitulé : "La tentation de l’arbitraire, violations flagrantes des droits de l’Homme dans la lutte anti-terroriste".
Dénonçant des abus commis aussi bien avant qu’après les attentats terroristes du 16 mai 2003, qui ont fait 45 morts à Casablanca, la FIDH relève notamment des témoignages sur l’existence d’un centre de détention "dirigé par la DST" (Direction de la surveillance du territoire) à Témara, près de Rabat.
"Cette découverte, souligne la FIDH, constitue un véritable choc, d’autant plus fort qu’il semble attesté que ce lieu, où la torture est pratiquée, a été très utilisé après les attentats criminels de Casablanca."
La FIDH rend compte des témoignages de plusieurs islamistes arrêtés en 2002 et d’autres arrêtés après les attentats du 16 mai 2003 où ils affirment avoir été torturés, certains assurant avoir été violés.
Le rapport fait état de la mort dans les locaux de la police d’Abdelhak Bentassir, arrêté le 21 mai 2003. Le parquet avait conclu à une mort naturelle due à des problèmes du coeur et du foie.

La FIDH conteste cette version en se basant notamment sur le témoignage de la soeur de Bentassir, convoquée pour l’identifier. "C’est un amas de chair décomposée noire (...) où apparaissent des touffes de cheveux et de barbe", dit-elle.
La demande d’une contre-autopsie réclamée par deux organisations marocaines des droits de l’Homme est restée sans réponse, ajoute le rapport.
Pour la FIDH, "il apparaît de manière incontestable que les droits à un procès équitable des personnes interpellées en lien avec les évènements du 16 mai 2003 ont été violés de manière quasi-systématique".
Le rapport relève que "les procédures d’instruction qui duraient antérieurement de nombreux mois ou un an (...) se sont brutalement accélérées à la suite du 16 mai".
Les conditions de détention se sont également "détériorées de façon générale, vu la tension qui règne dans le pays et dans l’administration pénitentiaire en particulier", après les cinq attaques-suicide du 16 mai 2003.
La FIDH convient que "la répression des actes de terrorisme qui ont frappé le Maroc est indipensable" parce qu’"ils sapent l’Etat de droit". Mais "un Etat de droit se doit de respecter les règles qu’il a fixées et les engagements internationaux souscrits", souligne-t-elle.

AFP

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