"(…) Le Makhzen au Maroc n’a pas besoin d’excuses pour arrêter qui que ce soit. Mon activisme avait dérangé certaines parties au Maroc dans la mesure où je respectais toujours les institutions et les constantes nationales, alors que c’est le contraire de l’image qu’ils voulaient promouvoir du Hirak", déclare El Mortada dans une interview fleuve accordée à Le Desk après sa libération, le 29 juillet. Il venait de purger trois ans de prison à Salé 2 (Zaki).
S’il admet avoir adressé par moment de sévères critiques à certains acteurs, il estime que cela ne justifie pas le fait de monter de toutes pièces certaines accusations. "Comment est-il possible qu’un juge puisse ajouter et supprimer ce qu’il souhaite d’un message ? Comment peut-on respecter un juge à qui on a soumis un dossier où on me présentait comme actif dans le mouvement du 20 février en 2010, un an avant sa création et qu’au même moment, on me disait en Afghanistan avec Ayman Al Zawahiri à Tora Bora", s’interroge-t-il.
Pour l’ex-détenu, il est clair que le juge a déformé l’histoire, la logique et la géographique ! "Que Dieu lui pardonne, il a également supprimé le mot ’attentats terroristes’ de mon post sur les terribles évènements du 16 mai", ajoute Iamrachen.
Arrêté le 10 juin 2017 devant son domicile familial, cette ancienne figure du Hirak rifain avait été condamné à cinq ans de prison pour apologie du terrorisme, en décembre. Il raconte avoir passé les six premiers de détention sur un tapis à même le sol lui servant de lit. "Je pouvais à peine dormir", dit-il, ajoutant qu’il était exposé à la pluie et au froid. Il confie n’avoir été transféré aux services du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), chargé des affaires de terrorisme qu’après la troisième journée de l’enquête.
Un fait qui a dépité El Mortada Iamrachen. "Je considérais Abdelhak Khiam [patron du BCIJ Khiam] comme étant le ‘Superman’ du Maroc et je le respectais beaucoup, mais son comportement avec moi ne se fondait aucunement sur le droit. Il convient de ne pas lier le BCIJ, une institution aussi respectable, à des calculs politiciens, car le résultat ne peut qu’impacter la confiance des citoyens en les institutions sécuritaires qui sont là pour les protéger", martèle l’ex-détenu.