Les "Juifs du Maroc" à la Quinzaine de Bruxelles

8 janvier 2003 - 10h15 - Culture - Ecrit par :

Objets d’art, livres, manuscrits, bijouterie et photographies sont quelques uns des objets qui meubleront l’exposition intitulée « Juifs du Maroc. Fastes et facettes », dont le vernissage, mardi soir à Bruxelles, donnera le coup d’envoi de la quinzaine culturelle consacrée à la cohabitation des Juifs du Maroc avec les Musulmans, et placée sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI et de S.M Albert II, Roi des Belges.

L’exposition d’art juif marocain et la Quinzaine culturelle, organisées par le Musée d’Art juif marocain de Bruxelles et l’Association Citoyenneté Plus (ACP), en collaboration avec sept communes de la capitale belge, vise à faire connaître la richesse d’une société multiculturelle où, pendant près de 13 siècles, Juifs et Musulmans du Maroc ont cohabité harmonieusement, selon MM. Paul Dahan et Mohamed Erroukhou, respectivement conservateur du Musée et président de l’ACP. En toile de fond de cette initiative, le débat en cours concernant les options multiculturelles de la société belge, avaient-ils précisé récemment lors d’une conférence de presse. Ils avaient expliqué que cette quinzaine servirait de message contre certains discours haineux actuels en Belgique et devrait favoriser une plus grande ouverture sur l’autre. Les événements du 11 septembre 2001 et l’actualité politique au Proche-Orient ont eu des échos en Belgique et créé des malentendus et des tensions entre personnes issues d’horizons culturels et confessionnels différents. Aussi cette quinzaine s’inscrit-elle dans le droit fil des efforts déployés pour favoriser l’esprit de tolérance qui permet l’épanouissement dans la diversité, avaient expliqué les organisateurs. L’expérience marocaine, passée ou présente, offre à cet égard un modèle à connaître et à méditer. Son étude permettra de prendre conscience d’une culture appartenant au patrimoine universel, d’en débattre et d’en dissiper les clichés et les amalgames. La manifestation culturelle offrira à cet effet, quinze jours durant, des conférences, débats, spectacles, films et séminaires qui seront animés par des universitaires, diplomates, écrivains, créateurs et artistes d’horizons divers, dans une ville multiculturelle, habituée à la cohabitation de communautés diverses.


"La symbiose judéo-musulmane au Maroc" selon André Azoulay

« Dans un monde tenté par le doute, la symbiose judéo-musulmane exprime l’art du possible en ces moments où fleurissent les vieilles peurs entre ceux qui ne participent pas à la même religion », affirme M. André Azoulay, conseiller de S.M. le Roi Mohammed VI.
Dans un entretien paru mardi dans le grand quotidien belge « Le Soir » - qui est en Belgique ce que « Le Monde » est en France - en marge de l’ouverture à Bruxelles de la quinzaine culturelle judéo-marocaine, sous le thème « Juifs du Maroc, treize siècles de cohabitation entre Juifs et Musulmans », M. Azoulay observe qu’au moment où « règne la soi-disant fatalité de la confrontation, le Maroc donne l’exemple contraire, et cela dans une légitimité historique enracinée dans une réalité socioculturelle qui n’a rien à voir avec un phénomène de l’instant ou une quelconque mode ».
Et d’ajouter que dans le contexte actuel de doute intercommunautaire, la quinzaine belge, placée sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI et de S.M. le Roi Albert II de Belgique, « ne manquera pas de panache : on a besoin de témoignages comme ceux-là pour redonner ses meilleures chances au dialogue ».
Le judaïsme marocain, explique le conseiller de S.M. le Roi, « n’est pas une pièce rapportée. Il fait partie du patrimoine national dans ses composantes historique, sociale, culturelle et spirituelle. Il était dès lors normal que cette manifestation qui met en relief l’histoire, la mémoire et le futur du judaïsme marocain soit honorée par le très haut patronage de Sa Majesté », poursuit-il.
S’agissant de la situation au Proche-Orient, où chaque jour des morts s’additionnent des deux côtés, M. Azoulay estime qu’« il faut que cette tragédie prenne fin, et cela passe par un postulat : que les Palestiniens retrouvent leur terre, leurs droits et leur dignité, pour qu’Israël retrouve la sécurité et que ses enfants vivent enfin en paix, comme les enfants palestiniens ».
« Je me sens juif quand je suis porté par ces valeurs fondées sur le respect des droits de l’Autre », souligne le conseiller de S.M. le Roi. Après avoir rappelé que feu S.M. Mohammed V avait refusé d’appliquer aux Juifs marocains les lois scélérates du régime de Vichy, M. Azoulay précise que « le Maroc a toujours été un pionnier de la paix pourvu qu’elle apporte justice et dignité au peuple palestinien, afin que celui-ci recouvre ses droits, dont celui de disposer de son Etat souverain auquel seraient attachés tous les attributs de cette souveraineté ». « Le Maroc a joué un rôle exceptionnel dans ce sens pendant des années », ajoute-t-il.
Précisant que lui-même, en tant que juif marocain a été de longue date engagé dans la promotion de la paix sous la forme de la reconnaissance d’un Etat palestinien par Israël, M. Azoulay indique qu’il avait fondé, à la fin des années 60, avec des intellectuels juifs marocains le groupe « Identité et dialogue » dont la charte réclamait la création d’un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël. « Cela semble évident à l’heure actuelle, mais, venant de Juifs, c’était sacrilège à l’époque », relève-t-il.
M. Azoulay rappelle aussi que la communauté juive marocaine est passée de 200.000 âmes en 1960 à quelque 4.000 à 5.000 actuellement. Mais ce qui est « exceptionnel et singulier, dit-il, c’est que les centaines de milliers de Juifs marocains de par le monde n’ont pas oublié ou occulté la civilisation, la culture de leur pays d’origine, même dans la seconde ou troisième génération des migrants ».
« Le judaïsme marocain de 2003 ne se réduit plus au seul espace géographique de son origine », souligne à cet égard le conseiller de S.M. le Roi.
Source:le matin du sahara et du maghreb

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