Un Maghreb sans le Maroc : l’Algérie joue la carte mauritanienne

6 avril 2024 - 15h30 - Maroc - Ecrit par : A.P

L’Algérie cherche à renforcer sa coopération avec la Mauritanie pour convaincre ce pays d’adhérer à son projet de création d’une Union du Maghreb sans le Maroc.

Les tensions entre le Maroc et l’Algérie s’exacerbent de jour en jour. Les deux pays voisins entretiennent une rivalité qui dure depuis une trentaine d’années, avec la question du Sahara en toile de fond. Le nouveau projet de l’Algérie contre le Maroc, est de créer un cadre de concertation du Maghreb sans le royaume. « L’Union du Maghreb arabe est dans le coma. Devons-nous nous résigner à cette situation jusqu’à ce que l’UMA revienne à la vie ? La réponse est non », a déclaré récemment Ahmed Attaf, le ministre algérien des Affaires étrangères, pour justifier le bien-fondé de ce projet.

À lire : L’Algérie veut une Union du Maghreb sans le Maroc

Ce creuset vise à « combler le vide » d’une UMA qui n’existe plus que de nom, a expliqué le président algérien dans une déclaration à la presse, indiquant que la Tunisie et la Libye ont déjà adhéré à ce projet « qui n’est dirigé contre autre État de la région », allusion faite au Maroc. Pour rappel, l’UMA, fondée en 1989 à Marrakech par le Maroc, l’Algérie, la Libye, la Tunisie et la Mauritanie, a cessé de fonctionner depuis des années. Son dernier sommet remonte à 1994. Ainsi, il ne reste plus que la Mauritanie à convaincre pour définitivement exclure le Maroc de cette « nouvelle dynamique maghrébine », selon les termes de Sébastian Boussois, professeur à l’Université libre de Bruxelles.

À lire : Le rêve d’Abdelmadjid Tebboune, un Maghreb uni ...sans le Maroc

Pour le moment, le président Tebboune n’a pas encore réussi à convaincre son homologue mauritanien, Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani, d’adhérer au projet. Mais la Mauritanie pourrait finir par céder, fait savoir El Confidencial, rappelant que l’Algérie entretient de bons liens avec ce pays. Les deux responsables ont inauguré récemment des bureaux de douane et annoncé la construction d’une route de 840 kilomètres reliant Tindouf à la ville minière de Zouerat. Pendant ce temps, les douanes mauritaniennes avaient augmenté en janvier les tarifs douaniers sur les fruits et légumes exportés par le Maroc via Guerguerat, créant une crise entre les deux pays.

À lire : Sahara : l’Algérie cherche à mener la vie dure au Maroc

D’après le média espagnol, l’Algérie tente d’écarter le Maroc de ce projet d’intégration pour deux raisons. La première est que le Maroc est le seul pays du Maghreb à entretenir des relations avec Israël, mettant en cause la cohésion régionale. La deuxième est qu’Alger cherche à bloquer l’initiative du roi Mohammed VI visant à faciliter l’accès à l’Atlantique aux pays du Sahel (Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso) via le port de Dakhla. « Contrairement à ce que propose le Maroc, le projet-ci (route entre Tindouf et Zouerat, ndlr) n’est pas utopique, car l’Algérie a les moyens financiers de le réaliser », analyse TSA Algérie. 

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