Le maire PJD de Meknès devant la justice

4 février 2009 - 00h45 - Maroc - Ecrit par : L.A

Nouveau rebondissement dans l’affaire du maire PJD de Meknès. Après sa révocation, Aboubakr Belkora est poursuivi en justice. C’est en tout cas ce qu’a révélé Mohamed Fassi Fihri, wali et responsable de l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT), relevant du ministère de l’Intérieur, lors d’un point de presse donné hier à Rabat : « nous avons saisi la justice pour qu’elle puisse se prononcer tellement les irrégularités constatées ont un caractère pénal ». Donc cette opération mains propres va au-delà de la simple sanction administrative.

Le travail de contrôle et d’audit de gestion de la commune urbaine de Meknès, opéré entre juin et décembre dernier, a abouti à la constatation de graves irrégularités. La plus en vue concerne la violation des règles et des textes organisant la passation des marchés publics. En outre, le président Belkora s’est abstenu de prendre des sanctions à l’égard des entreprises qui n’ont pas réalisé les travaux selon les critères et les délais contenus dans le cahier des charges. On lui reproche aussi l’octroi de 8 autorisations de construire et de 18 permis d’habiter, tous non réglementaires. Autre grief : la non-application de la procédure relative à la sanction des infractions en matière d’urbanisme.

L’Inspection en a dénombré 500 cas rien que pour l’année 2007. Elle a également épinglé le président pour avoir accordé à son épouse l’autorisation de construire un complexe résidentiel de 200 appartements (répartis sur 9 immeubles de R+4) dans une zone réservée aux villas. Une opération sans respect ni des dispositions en vigueur dans le domaine de l’urbanisme ni de l’avis de l’agence urbaine, précise le document de l’Igat. A cela s’ajoute la construction d’un 5e étage non autorisé. Selon le même document, la propriétaire du projet a bénéficié d’exonérations non réglementaires pour le paiement de taxes sous prétexte que le projet immobilier s’inscrit dans le cadre du logement économique.

Cette exonération est estimée à un peu plus de 1 million de DH. Sur le même registre, la commercialisation des logements s’est effectuée via une entreprise dont le président détient 99% des actions. Le reste appartient à son fils. Dans cette affaire, Belkora n’est pas seul poursuivi. Son 2e adjoint est lui aussi concerné.

Le timing, à moins de 5 mois des prochaines élections communales, soulève des questions. Si le PJD cherche à surfer sur cette question en politisant le sujet, le ministère de l’Intérieur présente les choses autrement. Fassi Fihri, qui était accompagné par Abdelouahad Ourzik, directeur des Affaires juridiques au ministère de l’Intérieur, s’est étonné de la tournure politique de cette affaire. En effet, le PJD a saisi cette opportunité pour jouer les victimes d’une instrumentalisation. En fait, sur les 18 présidents destitués, près de la moitié appartient à d’autres formations politiques de la majorité. Et personne n’est montée au créneau pour contester et crier au complot politique, a-t-il ajouté.

Fassi Fihri a rappelé les missions de l’Igat qui, en principe, arrête une planification annuelle pour la liste des collectivités locales à contrôler. Mais, il leur arrive de prendre des décisions en cours de route, en fonction des plaintes et des rapports des Cours des comptes régionales. Le travail de coopération avec ces institutions de contrôle est donné en exemple et il arrive que leurs rapports servent de déclencheur de l’investigation. Il est à préciser que la révocation est une mesure qui montre que tel responsable n’est pas habilité à diriger la commune. Après la révocation, il dispose de tous les moyens de recours. Administrativement, il peut contester la décision. D’ailleurs, Belkora, par exemple, ne perd pas sa représentation au sein du conseil où il reste membre. Il peut toujours se représenter aux prochaines élections. Dans le cas de Meknès, le conseil dispose de 15 jours pour élire un nouveau bureau.

Source : L’Economiste - Mohamed Chaoui

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Corruption - Meknès - Procès - Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Aboubakr Belkora

Ces articles devraient vous intéresser :

Des députés marocains veulent les ... déchets européens

Des députés ont souhaité la poursuite de l’importation au Maroc de déchets depuis l’Europe. C’était jeudi, lors de la séance plénière consacrée au vote du projet de loi de finances 2025.

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Corruption au Maroc : les chiffres qui révèlent l’étendue des dégâts

Une étude de l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) dresse un état des lieux préoccupant de la corruption au Maroc.

Saïda Fikri règle ses comptes avec les personnalités corrompues

La chanteuse marocaine Saïda Fikri crie haut et fort son aversion pour les personnalités corrompues qui détestent et combattent l’art engagé.

Le PJD évoque un lien entre le séisme et les péchés collectifs du Maroc

Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) s’est exprimé sur le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre qui a endeuillé le Maroc et a lancé un appel aux Marocains. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne devrait...

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Maroc : la liste des députés poursuivis pour corruption s’allonge

Trois députés marocains viennent d’être déférés devant la justice pour corruption. Déjà une vingtaine de parlementaires sont poursuivis en justice pour des faits de corruption et dilapidation des deniers publics.

Homosexualité, adultère… au Maroc : la mis en garde d’Abdelilah Benkirane

Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué, jeudi, lors du 18ᵉ forum national de la jeunesse de son parti, les récentes déclarations du ministre de la Justice appelant à une...

Les confidences d’Abdelilah Benkirane sur le roi Mohammed VI

Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a récemment confié avoir demandé à plusieurs reprises au roi Mohammed VI de le démettre de ses fonctions de Chef du gouvernement.