El Mordjene : phénomène algérien au Maroc, malgré les tensions diplomatiques

23 février 2025 - 19h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Des produits alimentaires algériens connaissent un énorme succès au Maroc en dépit des tensions persistantes entre Rabat et Alger.

Au Maroc, la pâte à tartiner El Mordjene, un produit algérien, rencontre un succès fulgurant au point de surclasser Nutella. Disponible dans les « échoppes et épiceries spécialisées en produits de contrebande qui pullulent aux quatre coins du royaume », ce produit coûte cher, fait savoir L’Opinion. Au Maroc, le pot de 700 grammes est vendu à plus de 350 dirhams, alors qu’il ne dépasse pas l’équivalent de 40 dirhams en Algérie. Une aubaine pour les commerçants. L’un d’entre eux exerçant dans la ville de Rabat a d’ailleurs confié qu’il réussit à écouler une cinquantaine de pots d’El Mordjene par mois, « ce qui n’est pas rien vu son prix ».

À lire : La France bloque l’importation de la pâte à tartiner algérienne El Mordjene

Cette pâte à tartiner algérienne n’est cependant pas estampillée « Made in Algérie ». Les pots d’El Mordjene vendus au Maroc sont visiblement estampillés « Made in Türkiye ». Avec cette inscription, les pots d’El Mordjene peuvent entrer plus facilement au Maroc qui a signé un accord de libre-échange avec la Turquie, estime le président de l’Association de Protection du Consommateur (UNICONSO), Ouadie Madih, cherchant toutefois à savoir pourquoi ce produit, s’il est vraiment produit en Turquie, ne se vend pas librement dans les grandes surfaces, ou encore pourquoi les pots ne portent pas le tampon de l’Office national de Sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).

Une commerçante en ligne basée à Agadir semble avoir la réponse. Elle explique que El Mordjene est clandestinement introduit au Maroc. Les pots arrivent au royaume dans les bagages de ressortissants marocains résidant en Tunisie, aux Émirats arabes unis ou au Qatar, qui les vendent une fois arrivés au Maroc, précise-t-elle. Et d’ajouter que des commerçants prennent ensuite le relais et revendent les produits en ligne, et proposent même une livraison à domicile pour un prix qui peut atteindre, voire dépasser, les 400 dirhams pour le pot de 700 grammes.

Les dattes algériennes, notamment la variété de Deglet Nour, c’est l’autre produit qui s’écoule bien sur le marché marocain en dépit des campagnes de boycott. Ces dattes sont généralement préférées aux dattes marocaines, « dont la qualité a baissé au fil des années, contrairement à leurs prix, qui restent élevés », fait savoir le média Actu-Maroc. Alors que certains s’interrogent sur le circuit qu’arpentent les dattes algériennes avant de faire leur entrée au Maroc, des commerçants de Bni Drar, localité frontalière, assurent qu’ils ont importé ces dattes légalement via les ports de Béni Ansar à Nador ou encore via celui de Tanger.

À lire : Le Maroc, friand de dattes algériennes

La dangerosité des dattes algériennes a été, plusieurs fois, soulevée par des consommateurs, mais celle-ci a été démentie par l’Office national de Sécurité sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA).

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