Mariage blanc : ’paye-moi 30.000 DH et je t’épouse’

3 décembre 2004 - 16h26 - Maroc - Ecrit par :

Lorsque le besoin de partir devient une nécessité et l’idée que l’avenir est ailleurs devient une obsession, tous les moyens sont bons pour atteindre son but. Y compris contracter un mariage “blanc” pour arriver, enfin, sur l’autre rive, la terre des promesses et du bonheur, l’étranger.

Il ne s’agit plus de penser à son jour de mariage, à sa robe blanche, à ses amis, au bonheur commun et à l’union de ce couple qui s’aime et se lie pour la vie …Puisque tout sera simulé. C’est un mariage fictif ou arrangé. Une comédie où chacun tiendra un rôle dans un but bien précis, un intérêt commun… Mais des fois les rôles peuvent se renverser et la comédie devient drame. C’est le cas de Omar, ce jeune homme qui a vu sa vie bouleversée du jour au lendemain.

L’histoire de ce Tangérois, si absurde soit-elle, est malheureusement réelle…“Tout a commencé, explique Omar, il y a un an. J’avais à l’époque 24 ans. J’avais perdu tout espoir de trouver une fonction décente. Je n’ai jamais pensé à quitter le pays. Cependant, j’ai réalisé que l’idée d’envisager un avenir dans son propre pays était une chimère. J’ai commencé à penser sérieusement à émigrer. Je n’avais pas une idée précise du pays où je voulais aller et je n’étais pas obsédé par la France comme nombre de jeunes l’étaient. L’essentiel pour moi était de partir parce que je ne pouvais plus supporter les regards de pitié de mes parents.

Il n’empêche que l’idée d’émigrer clandestinement dans une barque de la mort ne m’a jamais effleuré l’esprit. Il n’était pas question que je mette ma vie en danger pour partir vers l’inconnu. Je voulais que ma situation soit régulière et que je puisse obtenir tous les droits dont peut bénéficier un étranger. L’occasion ne tarde pas à se présenter. J’avais rencontré par hasard une guide touristique, par le biais d’un ami qui avait promis de m’aider dès qu’il a su que je comptais émigrer. Mais j’étais loin d’imaginer que cette jeune fille maigre et petite de taille va changer ma vie …” finit-il par lâcher.

Négociation autour d’un café

En effet, Assia a demandé à l’ami d’Omar d’arranger plusieurs rencontres avec le jeune homme pour mieux le connaître avant de lui faire sa proposition. Après plusieurs entrevues, elle le contacte enfin et lui demande, autour d’un café, s’il était intéressé par un mariage blanc.

“Elle a dû m’expliquer que c’était une simulation de mariage pour une durée déterminée sans intention réelle de fonder un foyer mais qui sera considérée par la loi comme un véritable mariage. Ce qui devrait me permettre d’obtenir sûrement un titre de séjour et plus tard une nationalité. Elle a exigé ensuite, la somme de 30.000 DH. Cette somme sera versée, selon elle, dans le compte bancaire de l’étrangère en contrepartie de ce service (le mariage).

Convaincu enfin, je me suis démené pour avoir la somme en empruntant de l’argent auprès d’amis et parents. Au bout d’un mois, j’ai réussi à avoir le montant requis. J’ai épousé une Anglaise et je suis parti donc pour l’Angleterre grâce à la procédure du regroupement familial. Il n’empêche que "mon" épouse a commencé à me harceler une fois arrivé en Angleterre. Elle menaçait de me dénoncer si je ne lui donnais pas plus d’argent…”, explique Omar.

Rentré au bercail, Omar vit un dilemme. Que faire ? Divorcer et perdre les "papiers (titre de séjour) ? Ou continuer à subir les caprices de "son" épouse ?

Le cas d’Omar n’est pas unique dans son genre. Ses propos témoignent de l’existence d’un véritable réseau constitué de guides, surtout de faux guides touristiques, qui s’est développé au Maroc.
Les trafiquants s’arrangent avec des étrangers de leurs connaissances qui viennent souvent au Royaume, pour contracter un mariage arrangé avec un Marocain ou une Marocaine pour une durée déterminée contre une somme allant de 30.000 à 60.000DH.
Une nouvelle forme d’immigration clandestine, quoi !

Yousra Amrani Idrissi - Menara.ma

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