Maroc : la croissance économique de 2021 serait compromise en cas de pénurie de vaccins

12 mars 2021 - 14h00 - Economie - Ecrit par : P. A

La croissance économique marocaine en 2021 est tributaire du bon déroulement de la campagne de vaccination de masse contre le Covid-19 qui devrait permettre d’atteindre l’immunité collective et la levée des mesures restrictives en vigueur. La reprise de l’activité économique prévue pour le deuxième semestre pourrait être retardée si cet objectif n’est pas atteint.

La croissance économique attendue au Maroc est de 4,6 % en 2021 si la grande majorité de la population (80 %) est vaccinée contre le Covid-19 avant la fin du premier semestre. Début janvier, le ministre de la Santé rassurait que le retour à une vie normale pourrait intervenir en mai, et que les Marocains passeraient un mois de Ramadan normal, sans mesures restrictives.

Aujourd’hui, plus de 12 % de la population ont déjà reçu leur première dose de vaccin. Mais le Maroc, comme tous les pays du monde, risque de connaître dans les prochaines semaines, une pénurie de vaccins. En cause, les difficultés d’approvisionnement face à la forte demande mondiale. Cette situation pourrait constituer une menace à l’atteinte de l’immunité collective visée et compromettre la levée de toutes les restrictions et le retour à la vie normale.

« Si la vaccination n’avance pas comme prévu, il va falloir qu’on réadapte notre plan de relance et notre manière de gérer cette crise », a déclaré à Médias24 Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au plan, qui estime qu’il est « très tôt de calculer l’impact exact de ce retard dans la campagne de vaccination sur la croissance prévue en 2021. « Avec l’apparition des nouveaux variants qui se multiplient et font des ravages en Europe, notre premier partenaire commercial, les choses deviennent très compliquées, surtout pour les secteurs qui dépendent de l’international et de l’Europe et qui continueront à être à l’arrêt pour encore longtemps », a-t-il expliqué.

La météo et ...l’informel à la rescousse

Pour Lahlimi, la situation sanitaire mondiale va forcément bouleverser les prévisions sur la croissance économique du Maroc. Mais, rassure-t-il, « le Maroc pourra réaliser une croissance de plus de 4 % grâce notamment à la très bonne campagne agricole qui s’annonce ». « Dans nos prévisions initiales, on tablait sur une année agricole moyenne. Grâce à la pluviométrie qu’a connu le pays, cette campagne sera plus que moyenne ; ce qui va apporter jusqu’à deux points de croissance de plus. L’agriculture va sauver cette année 2021 », se réjouit-il.

Le Haut-commissaire au plan est par ailleurs convaincu que le secteur de l’informel peut aider le Maroc à passer cette crise. « L’informel a une fonction économique, sociale et culturelle très importante dans notre pays », a-t-il soutenu, rappelant que ce secteur contribue à 30 % au PIB et emploie plus de 40 % de la population active. « On parle d’un secteur qui produit, qui rend des services, et qui répond à une demande qui va s’accroître de plus en plus. Je ne suis pas en train de faire l’apologie de l’informel, je dis qu’il faut bien sûr réfléchir à des réformes pour l’avenir, mais gérer en même temps le présent au mieux afin de limiter les dégâts sociaux et économiques de cette crise », a-t-il conclu.

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