Maroc : une nouvelle ville interdit la culture de pastèque

18 novembre 2024 - 18h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Le gouverneur de la province de Tinghir, Ismaïl Heikel, a récemment pris la décision d’interdire la culture des pastèques rouges et jaunes sur l’ensemble des communes relevant de sa juridiction, au titre de la campagne agricole 2024-2025.

Dans sa décision, le gouverneur a expliqué que les ressources en eau de la région ont drastiquement baissé en raison de la sécheresse persistante qui frappe le royaume depuis six ans. La mesure est entrée en vigueur le 8 novembre dernier et le Comité provincial de l’eau est chargé de veiller à son respect strict. Les écologistes et environnementalistes de Zagora saluent cette décision et appellent à interdire également la culture de la pastèque dans leur région, où le stress hydrique est plus inquiétant et tend vers une situation de pénurie chronique.

Cette décision répond à l’appel du roi Mohammed VI qui, dans son dernier discours du Trône, invitait à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les nappes phréatiques, notamment dans les régions en crise hydrique, a déclaré à Hespress, Jamal Akchbab, président de l’Association des amis de l’environnement à Zagora, estimant que la limitation à un hectare par exploitant des superficies de culture de la pastèque rouge, a davantage asséché les ressources en eau de la région. Il dénonce également les mauvaises pratiques de certains agriculteurs qui arrivent à contourner la décision du gouverneur de Zagora d’installer des compteurs sur les puits et forages pour mesurer les quantités d’eau extraites.

À lire : Maroc : des villes interdisent la culture de pastèques

Akchbab a aussi appelé à une gestion rationnelle des ressources en eau après les pluies diluviennes de septembre, exhortant les agriculteurs à se lancer dans la culture des palmiers-dattiers, moins gourmandes en eau. Ibrahim Zine, agriculteur dans la province de Zagora, ne partage pas cet avis, soulignant que l’interdiction de la culture de la pastèque à Zagora pourrait nuire à l’économie locale et affecter la vie de centaines de familles qui vivent exclusivement de cette activité. L’interdiction de la culture de la pastèque n’est pas une bonne option pour rationner l’eau, estime-t-il, précisant que la culture de fruits et de légumes en lieu et place de la pastèque n’apporterait aucun changement significatif à la situation.

Selon des ingénieurs et agriculteurs, un seul hectare de carottes consommerait autant d’eau que trois hectares de pastèques rouges, renseigne-t-il. Zine a par ailleurs assuré que la majorité des agriculteurs respectent la limite d’un hectare pour la culture de la pastèque, même si elle n’est pas rentable, reconnaissant toutefois que certains agriculteurs outrepassent ces limites dans les zones reculées. Pour pallier cette situation, il a invité les autorités locales à renforcer la surveillance et contrôle sur le terrain et à sanctionner les contrevenants conformément à la loi. Il a aussi appelé à infliger des sanctions contre les agriculteurs qui ne respecteraient pas la décision de placer des compteurs sur les puits et forages.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Eau - Zagora - Agriculture - Tinghir - Sécheresse au Maroc

Aller plus loin

Le Maroc assoiffé par la pastèque de Zagora

La poursuite de la culture de la pastèque rouge à Zagora augmente le risque de stress hydrique de la région, dans ce contexte de sécheresse sévère qui frappe le royaume.

Maroc : des villes interdisent la culture de pastèques

L’assèchement des sources d’eau et la baisse du niveau de la nappe phréatique poussent le gouverneur de la province de Tinghir à interdire la culture des pastèques sur son...

Pastèque et sécheresse : le casse-tête marocain

Faut-il continuer à produire de la pastèque rouge qui nécessite une importante quantité d’eau et épuise les sols, alors que le Maroc connaît la pire sécheresse depuis quatre...

Le Maroc limite la production de pastèque

Face à la pire sécheresse qu’il connaît depuis quatre décennies, le Maroc prend des mesures pour réglementer la production de pastèques qui nécessite une importante quantité d’eau.

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc envisage des coupures d’eau

Face au grave déficit hydrique provoqué par six années de sécheresse, le Maroc met en œuvre des mesures strictes, dont une rationalisation draconienne de l’utilisation de l’eau.

Maroc : hammams fermés, SPA ouverts, le grand paradoxe

La décision du ministère de l’Intérieur de fermer les hammams trois jours par semaine aura des conséquences négatives sur les employés du secteur, a alerté Fatima Zahra Bata, la députée du Parti de la justice et du développement (PJD).

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Tomate : le Maroc dépasse l’Espagne en Europe

Pour la première fois, le Maroc se hisse au rang de premier fournisseur de tomates sur le marché européen, devançant ainsi l’Espagne. Un pur hasard ? non, le Maroc prend peu à peu la place de premier fournisseur pour l’Europe.

Maroc : bonne nouvelle pour les amateurs de hammams

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a instruit les gouverneurs des régions et les préfets des préfectures et provinces du royaume pour que soit revue la décision de fermeture des hammams et des stations de lavage de voitures en fonction de...

Le Maroc contraint d’importer du blé

Le Maroc se tourne une fois de plus vers le marché international pour augmenter ses importations de blé afin de compenser la baisse considérable de sa production durement touchée par la sécheresse cette année.

Maroc : l’huile d’olive devient un luxe

Au Maroc, le prix de l’huile d’olive augmente fortement. En cause, la sécheresse et les vagues de grande chaleur qui ont touché la production de ce petit fruit indispensable aux saveurs des mets des Marocains.

Maroc : Une baisse record des exportations d’oranges

Les exportations marocaines d’oranges ont considérablement chuté au cours des huit premiers mois de 2023, s’établissant à 30 000 tonnes contre 109 000 tonnes en 2022.

Pastèques marocaines : une dégringolade des exportations vers l’Europe

Les exportations marocaines de pastèque ont enregistré une baisse inquiétante au premier semestre de l’année 2024 en raison de la faible demande des pays européens. Une situation qui affecte les exportateurs, déjà confrontés à la réduction de la...

Maroc : la fermeture des hammams fait des malheureux

La Fédération nationale des associations des propriétaires et exploitants des bains traditionnels au Maroc a adressé un courrier au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, l’invitant à reconsidérer la décision de fermeture des hammams trois jours...