Maroc : les départs massifs des infirmiers inquiètent

6 juin 2023 - 18h20 - Maroc - Ecrit par : P. A

L’exode important des infirmiers marocains vers d’autres pays, faute de conditions de travail adéquates, pourrait constituer une cause directe de la dégradation des services de santé dans le royaume.

Dans un rapport présenté au Conseil économique social et environnemental (CESE), le Syndicat indépendant des infirmiers a fourni des données inquiétantes sur les départs massifs de ces derniers, du fait des mauvaises conditions de travail (absence de primes de motivation, salaires très bas, manque d’encadrement), vers le Canada ou d’autres pays d’Europe qui offrent des conditions de travail plus adéquates et intéressantes. Selon ce document, 1 000 infirmiers auraient déjà quitté le royaume.

Le Maroc compte 34 000 infirmiers et techniciens de la santé dont 29 000 dans le public, un nombre qui ne permet pas d’assurer une couverture sanitaire nationale. Le gouvernement, pour sa part, estime à 65 000 le besoin en infirmiers et techniciens de la santé, fait savoir Al Osboue. Avec ces départs massifs, l’écart se creuse davantage et le besoin en personnel de santé devient de plus en plus important, surtout après la période de la pandémie du Covid-19.

À lire : Dévalorisés, les infirmiers marocains quittent massivement le Maroc

Un infirmier marocain gagne un salaire de 6 000 DH, alors qu’un infirmier européen touche un salaire de 3 000 euros, soit près de six fois celui du Marocain. « Aujourd’hui, plusieurs infirmiers ayant 15 à 20 ans d’expérience pensent à partir pour améliorer leur niveau de vie. Nous exhortons le gouvernement à faire un effort pour répondre aux doléances des travailleurs de ce secteur afin de les dissuader d’émigrer », suggère Mustapha Jaâa, le président du Syndicat.

La réussite du projet de protection sociale, lié à la disponibilité de ressources humaines de qualité en quantité suffisante, en dépend, ajoute-t-il, appelant le gouvernement à accélérer son projet d’augmentation des salaires des médecins à 12 000 DH et des infirmiers à 8 000 DH et à mettre en place une instance nationale des infirmiers pour « mettre fin au désordre et barrer la route aux intrus ».

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