Maroc : génération « call center »

22 novembre 2021 - 20h20 - Maroc - Ecrit par : A.P

Au Maroc, les centres d’appels sont devenus la seule opportunité pour de nombreux jeunes diplômés à la recherche d’un emploi.

« J’ai essayé de trouver un emploi en tant que professeur d’espagnol, mais il n’y a pas d’opportunités d’emploi dans cette spécialité », explique à elperiodico.com Oussama, un jeune Marocain qui travaille dans un centre d’appels à Casablanca. Il a commencé ce travail alors qu’il était encore étudiant en langues et communication à l’université et est toujours là, dix ans après avoir fini ses études universitaires, faute d’avoir trouvé un emploi.

À lire : Marché du travail :près d’un million et demi de Marocains au chômage

« La plupart de mes camarades de promotion travaillent dans des centres d’appels. Au Maroc, il n’y a pas d’avenir professionnel », déplore Oussama. Comme lui, beaucoup de jeunes étudiants travaillent dans un centre d’appels pour joindre les deux bouts pendant leurs études. Le salaire pour une heure de travail dans ces espaces peut varier entre 20 et 30 dirhams (deux à trois euros). Ces dernières années, le nombre de centres d’appels a considérablement augmenté au Maroc. On en compte plus d’une cinquantaine à Casablanca, Rabat et Tanger. Plusieurs entreprises comme Easyjet, Vodafone, Orange, Amazon et Samsung entre autres, ont externalisé leurs services clients et les ventes au Maroc pour baisser les coûts.

À lire : Maroc : le chômage pourrait battre des records en 2021

Essam, 26 ans, a eu plus de chance. Après plusieurs mois de travail dans un call center, il a réussi à décrocher un emploi. Depuis la fin de l’été, il est traducteur-interprète dans un lycée de Cadix. « J’ai travaillé dans trois centres d’appels : à Casablanca, à Tanger et à Rabat. J’ai cherché un emploi. En vain », indique-t-il. Il raconte le stress permanent qu’on vit dans ce travail. « Dans le centre de Tanger, il y a tellement d’appels que vous ne pouvez pas vous arrêter une minute. Vous vous sentez très fatigué et stressé… surtout quand vous n’arrivez pas à atteindre vos objectifs », se souvient-il.

À lire : Le taux de chômage grimpe en flèche au Maroc

Selon les chiffres du Haut-commissariat au Plan, près d’un Marocain sur quatre, qui a fini ses études, est sans emploi. Pour Zoubeidi, médecin spécialiste des migrations et de la mobilité, « cette réalité existe depuis une dizaine d’années ». « Il y a une inadéquation entre le système éducatif et le marché du travail, donc l’option la plus simple et la plus accessible pour les jeunes ayant fait des études est de travailler dans des centres d’appels », explique l’expert. Et d’ajouter : « C’est très dur pour les diplômés, car c’est un travail systématique qui ne leur permet pas de développer leur carrière professionnelle ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Etudiants - Jeunesse - Formation

Aller plus loin

Maroc : le chômage pourrait battre des records en 2021

La pandémie du coronavirus n’a pas fini de malmener le monde de l’emploi au Maroc. Un récent rapport de la commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (ESCWA), a...

Le taux de chômage grimpe en flèche au Maroc

Entre 2019 et 2020, le taux de chômage est passé de 9,2 % à 11,9 %, soit une augmentation de 2,7 points. L’annonce a été faite par le Haut Commissariat au plan (HCP) qui précise...

Chômage : voici la région la plus touchée au Maroc

La région la plus affectée par le chômage au Maroc est l’Oriental. Ce phénomène est causé par « la sécheresse ainsi que les répercussions économiques de la crise sanitaire.

Maroc : Les femmes plus atteintes par le chômage que les hommes

Le taux de chômage chez les femmes marocaines est de 13,5 %, contre 7,8 % chez les hommes, selon des données publiées par le Haut commissariat au plan (HCP).

Ces articles devraient vous intéresser :

L’École 1337 élue 3ᵉ meilleure au monde

L’école « 1337 » de l’Université Mohammed VI Polytechnique, spécialisée dans la formation gratuite en programmation, fait partie des trois meilleures au monde.

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Interdire ou réguler TikTok ? Le Maroc cherche la solution

Menacé d’interdiction aux États-Unis et en Europe, TikTok est de plus en plus décrié dans le monde. Au Maroc, des voix continuent d’appeler à l’interdiction de l’application chinoise. Mais plutôt que de l’interdire, des experts appellent à encadrer son...

Maroc : le débat sur l’interdiction de TikTok s’invite au parlement

Plusieurs députés marocains appellent à l’interdiction de TikTok au Maroc. Ils s’inquiètent de la qualité des contenus publiés sur ce réseau social chinois qui, selon eux, constitue un danger pour la jeunesse.

Femmes ingénieures : le Maroc en avance sur la France

Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.

Pufa, la "cocaïne des pauvres" qui déferle sur le Maroc

Pufa, la « cocaïne des pauvres » s’est installée progressivement dans toutes les régions du Maroc, menaçant la santé et la sécurité des jeunes. Le sujet est arrivé au Parlement.

"Lbouffa" : La cocaïne des pauvres qui inquiète le Maroc

Une nouvelle drogue appelée « Lbouffa » ou « cocaïne des pauvres », détruit les jeunes marocains en silence. Inquiétés par sa propagation rapide, les parents et acteurs de la société civile alertent sur les effets néfastes de cette drogue sur la santé...

TikTok, vecteur de débauche au Maroc ?

De nombreux Marocains continuent d’appeler à l’interdiction de TikTok, dénonçant la publication par les jeunes de contenus violents ou à caractère sexuel sur cette application qui, selon eux, porte atteinte aux valeurs du royaume.