Le Maroc en mal d’ingénieurs

14 juin 2006 - 11h06 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Le Maroc est pauvre en ingénieurs. Leur nombre est estimé à 30 000. Ce qui est dérisoire. Pour pouvoir accompagner le développement économique du pays, l’effectif d’ingénieurs formés devrait au moins doubler d’ici 2010. Le département de la formation des cadres est fortement interpellé.

Le Maroc se lance dans le développement des niches à très forte valeur ajoutée. Cela peut paraître bien pompeux, sauf que c’est une réalité qui se vérifie de plus en plus sur le terrain. A titre d’exemple, le centre du groupe STMicroelectronics, champion mondial des microprocesseurs, qui vient d’être inauguré il y a à peine quelques jours à Madinat Al Irfane à Rabat. Le centre emploie près de 170 cadres supérieurs, notamment des ingénieurs.

Pour la petite histoire, sachez que STMicroelectronics s’était au départ installé, presque en catimini, dans les locaux de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs (EMI) de Rabat. Cette implantation portait le nom de « Centre de conception de circuits intégrés ». Quelques mois seulement après sa mise en place, le centre employait déjà une centaine d’ingénieurs. Et l’EMI, qui avait signé avec le groupe un accord privilégié sur la formation et les stages de ses lauréats, alimentait ST en “cerveaux”.

Et c’est d’ailleurs du côté des cerveaux que la situation se complique. Nos ingénieurs sont certes parmi les meilleurs. Leur formation est reconnue dans les pays les plus avancés. Le hic est qu’on n’en forme pas assez. Le nombre des ingénieurs formés au Maroc, toutes spécialités confondues, est estimé actuellement à 30 000. Ce qui est dérisoire. Le Maroc reste en effet sous-équipé en ingénieurs en comparaison avec d’autres pays similaires, notamment la Tunisie.

Le constat est d’autant plus alarmant que l’économie nationale est en train de se diversifier et de drainer plusieurs investissements dans des secteurs porteurs tels que les NTIC, l’offshore, l’aéronautique, les services, les métiers de la mer... Le département de la Formation des cadres a fait ses comptes dans ce sens. Il en ressort que globalement, on pourrait estimer la demande nationale en ingénieurs au minimum à 3500 par année (ce chiffre pourrait facilement se situer à 5000), alors qu’actuellement, il ne dépasse guère les 1500 ingénieurs formés annuellement.
En vue de répondre à la demande potentielle en ingénieurs dans différents secteurs économiques, une réflexion prospective est actuellement bien engagée.

Le département de l’Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique s’est, en effet, sérieusement penché sur la question. Selon une note d’information récente de ce département, l’effectif d’ingénieurs formés devrait au moins doubler d’ici 2010. Cela impliquerait une augmentation annuelle moyenne de 20%, soit par de nouvelles créations d’écoles ou de filières de formation d’ingénieurs dans des établissements universitaires existants, soit par une augmentation consistante de l’effectif d’ingénieurs formés dans les écoles existantes.

Les établissements de formation d’ingénieurs, qui sont actuellement au nombre de 25 et offrent quelque 50 filières de formation, sont ainsi appelés à appliquer de nouvelles normes pédagogiques basées sur l’organisation des enseignements en filières, cycles et modules capitalisables.

Les établissements de formation d’ingénieurs sont donc appelés à subir des réformes profondes, aussi bien sur le plan organisationnel que sur celui pédagogique, afin de pouvoir accompagner la nouvelle dynamique en matière d’investissement.

Hajar Dehhani - Aujourd’hui le Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Fuite des cerveaux - Education - Formation

Aller plus loin

Le Maroc veut combler son déficit en ingénieurs et techniciens d’ici 2025

Une convention cadre a été signée, mardi à Rabat, pour renforcer la formation d’ingénieurs, de cadres moyens et de techniciens supérieurs dans différents secteurs industriels.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : constat inquiétant pour les élèves

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) pour 2022, révélant des difficultés majeures dans l’apprentissage au sein de l’école...

L’arabe obligatoire dans une école en Belgique

Un établissement catholique flamand propose un cours d’arabe obligatoire à ses élèves de dernière année, une initiative inédite en Belgique.

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

Maroc : indignation après l’assassinat d’une enseignante par un élève

Au Maroc, la Fédération nationale de l’enseignement (FNE, affiliée à l’Union marocaine du travail) appelle à une mobilisation forte et immédiate après l’agression violente d’une enseignante par un élève ayant entraîné la mort de celle-ci.

Maroc : Vent debout contre le français à l’école

Au Maroc, un regroupement d’enseignants, d’étudiants et d’élèves s’oppose à l’enseignement des matières scientifiques en français dans les écoles publiques, dénonçant une violation de la Constitution et des textes régissant le secteur de l’éducation.

Maroc : cette violence qui interpelle

La parlementaire Nadia Bouzendoufa, du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale sur sa stratégie visant à réviser la circulaire ministérielle n° 14/867 et à adopter des mesures...

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Des conditions strictes pour enseigner dans le privé au Maroc

Le ministère de l’Éducation nationale a récemment autorisé les enseignants du public à donner des cours supplémentaires dans le privé, sous certaines conditions. Pour arrondir leurs fins de mois, ces professeurs devront obtenir une autorisation...

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.