Maroc : les mères célibataires « stigmatisées et marginalisées »

19 mars 2022 - 21h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

L’association marocaine à but non lucratif et à vocation sociale, 100 % Mamans, forme les mères célibataires — femmes toujours stigmatisées et marginalisées — à devenir des techniciennes radio. Bon nombre d’elles ont perdu leur emploi à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19.

« Être mère célibataire au Maroc, c’est dur parce qu’on est vraiment marginalisées et discriminées », raconte à DW Akademie Aïcha*, 30 ans. C’est encore pire depuis la pandémie et beaucoup d’entre nous ont perdu des emplois mal payés ». Grâce à un programme de formation proposé par « 100 % Mamans » – une organisation marocaine à but non lucratif (ONG) qui promeut les droits légaux des femmes célibataires et des mères célibataires-, bon nombre de femmes vivant la même situation que Aïcha retrouvent l’espoir.

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La trentenaire a rejoint l’ONG l’année dernière. Elle a été initiée au montage audio et vidéo et a également suivi une formation en journalisme. « Nous savons que les techniciens sont généralement des hommes, alors je me suis demandé pourquoi je ne devrais pas devenir technicienne moi-même », dit-elle. Fatima* a, elle aussi, bénéficié du programme de formation. Longtemps impliquée dans le projet de radio communautaire « Mères en Ligne » (« Mothers on Air »), elle avait hâte d’acquérir plus de compétences. « Le programme m’a aidée à devenir financièrement indépendante et à travailler dans un domaine que j’aime vraiment », dit-elle.

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Fatima avait peur d’être toujours marginalisée, faible et stigmatisée parce qu’au Maroc, les relations sexuelles hors mariage sont illégales et peuvent entraîner des sanctions sévères. Les mères célibataires perdent souvent leurs liens familiaux et leurs emplois. « J’avais peur d’être toujours marginalisée, faible et stigmatisée. Mais je suis devenue plus forte depuis que j’ai rejoint ‘100 % Mamans’ et j’ai acquis une nouvelle perspective », a-t-elle déclaré. Elle dit regarder désormais vers l’avenir et penser à l’avenir de son enfant. « Je veux m’assurer qu’il mène une vie digne et indépendante et que je peux façonner mon propre avenir », a-t-elle ajouté.

*Prénoms d’emprunt

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